La Presse Anarchiste

La décadence bourgeoise II

1Dans notre tra­vail, nous ne par­lerons que de la bour­geoisie française pour sim­pli­fi­er la ques­tion, quoiqu’en réal­ité le pou­voir mer­can­til soit international.

Mais qu’im­por­tait à Robe­spierre les adju­ra­tions human­i­taires de son ami, l’am­bi­tion le tenail­lait ; comme tout homme qui goûte au pou­voir, il y avait longtemps qu’il était cor­rompu par l’usage de ce pou­voir [[Robe­spierre, qui établit l’Être suprême, entrete­nait une cor­re­spon­dance avec Louis XVIII. Cette cor­re­spon­dance, que Cour­tois, auteur du rap­port sur les événe­ments du Ther­mi­dor, s’é­tait appro­priée, fut remise par lui, après la Restau­ra­tion, à M. Decaze, qui avait fait exprès le voy­age de Brux­elles pour traiter avec l’an­cien régi­cide. C’est du moins ce qui m’a été racon­té en Bel­gique. D’après ce qui a tran­spiré de cette cor­re­spon­dance, il ne parait pas que Robe­spierre ait don­né aucune espérance au pré­ten­dant ; mais n’est-ce pas un fait accusa­teur que la poli­tique du tri­en­nois ait pu être con­sid­érée par Louis XVIII et par les puis­sances comme un retour vers l’an­cien ordre de choses ? N’é­tait-ce pas un com­mence­ment de trahi­son que cet a parte entre le chef de la Mon­tagne et le frère de celui dont il avait voté la mort ? Quant à Cour­tois, il reçut le salaire de toue les fourbes : on lui avait promis sa radi­a­tion de la liste des pro­scrits ; la cor­re­spon­dance royale une fois res­saisie, on ne s’oc­cu­pa plus de lui.

P.-J. Proud­hon, — Les majo­rats lit­téraires.

Pour régn­er sans con­teste, deux par­tis le gênaient : les jacobins mod­érés, ayant Camille Desmoulins et Dan­ton comme chefs, et les hébertistes. Les pre­miers plus libéraux étaient d’un tem­péra­ment bien moins révo­lu­tion­naire que les enragés dont la plu­part comme nous l’avons déjà dit, croy­aient pos­si­ble une révo­lu­tion sociale com­plète. Dif­férant d’idées, de tem­péra­ments, ces deux par­tis étaient évidem­ment supérieurs aux gou­verne­men­tal­istes à out­rance. Et, nous le répé­tons, si les girondins, les pre­miers corde­liers où les hébertistes eussent tri­om­phé dès 93, bien du sang, bien des pleurs auraient peut-être été épargnés. Mais, hélas ! il en est ain­si de notre mal­heureuse human­ité, il sem­ble qu’elle soit vouée éter­nelle­ment à la mis­ère et à l’esclavage, puisque dans toutes les luttes engagées par la Lib­erté con­tre l’Au­torité, c’est tou­jours le Droit qui succombe.

(A suiv­re).

G. D.