La Presse Anarchiste

L’égalité sociale

« L’é­gal­ité sociale rêvée par les révo­lu­tion­naires — dis­ent les mir­mi­dons de l’é­conomie poli­tique — ne peut exis­ter. En fait d’é­gal­ité, il n’y a qu’un principe vrai, l’é­gal­ité devant la Loi. Tout le reste n’est que chimère et impossibilité. »

Voilà qui est enten­du ; en fait d’é­gal­ité, il n’y a qu’un principe vrai : l’é­gal­ité devant la loi bour­geoise. Mais cette égal­ité devant la loi n’ex­iste même pas. Ladite loi a tout bon­nement été faite con­tre les tra­vailleurs opprimés.

Il serait absol­u­ment illogique d’at­ten­dre qu’ils rendis­sent des arrêts con­tre les cap­i­tal­istes, ces mêmes juges qui, empris­on­nant un mal­heureux qui a dérobé un pain, lais­sent en lib­erté le voleur de millions.

Quant à l’é­gal­ité sociale que nos enne­mis déclar­ent utopie, nous soutenons, nous, qu’elle peut et doit par­faite­ment exister.

Il y a dans la société actuelle deux class­es dont les intérêts sont absol­u­ment antag­o­nistes : d’un côté le pro­lé­tari­at, c’est-à-dire la majorité tra­vailleuse et souf­frante ; de l’autre, la classe cap­i­tal­iste, c’est-à-dire la minorité oisive qui vit dans l’op­u­lence, tan­dis que les pro­lé­taires pro­duisent et ne peu­vent con­som­mer suiv­ant leurs besoins.

Ce que les social­istes veu­lent, c’est sup­primer la classe des oisifs ; de cette façon l’é­gal­ité de fait qui est le corol­laire ou plutôt la con­di­tion pri­mor­diale de la Lib­erté, pour­ra exister.

Nous nous expliquons :

La pro­priété indi­vidu­elle est le fruit du tra­vail des autres et la récom­pense de la paresse. Ce qu’il faut, c’est abolir la pro­priété indi­vidu­elle, source de tous les maux et de toutes les misères.

Ce qu’il faut, c’est que les tra­vailleurs jouisse du pro­duit inté­gral de leur tra­vail ; ce qu’il faut, c’est qu’il n’y ait plus de cap­i­tal­istes avides de jouis­sances et de luxe, qui monop­o­lisent les richess­es pro­duites par les tra­vailleurs et dont ces derniers devraient être seuls à prof­iter ce qu’il faut, en un mot, c’est détru­ire l’ex­ploita­tion patronale, faire dis­paraître l’op­pres­sion capitaliste.

Et cela se fera bien­tôt, car il est impos­si­ble que les yeux des tra­vailleurs ne se dessil­lent pas à la fin ; il est impos­si­ble qu’ils se lais­sent opprimer éter­nelle­ment ; il est impos­si­ble qu’ils ne sec­ouent pas, un jour, l’hor­ri­ble résig­na­tion qui les domine. Les tra­vailleurs, las de tant de mis­ères, finiront bien par se révolter.

Elle éclat­era bien­tôt, la grande révolte des déshérités des deux mon­des ; le moment des grandes luttes sociales n’est pas éloigné. Il faut qu’un boule­verse­ment ter­ri­ble éclate non pas seule­ment en France, mais partout, dans tous les pays sans excep­tion — car dans tous quel que soit leur régime, impéri­al­iste, roy­al­iste ou répub­li­cain, l’ex­ploita­tion de l’homme par l’homme s’é­tale dans toute sa hideur.

Ah ! bour­geois tim­o­rés, vous pou­vez nous accuser d’u­topisme ; vous sen­tez que votre fin approche et que l’ère de l’é­gal­ité et de la jus­tice va enfin s’ou­vrir ; vous trem­blez en enten­dant les mur­mures du peu­ple prêt à la vengeance.

Si la colère des tra­vailleurs sera ter­ri­ble, votre sang-froid despo­tique aura été assez atroce.

Déjà, on entend gron­der l’i­non­da­tion pop­u­laire qui fera rompre les digues d’iniq­ui­tés con­stru­ites par les tyrans. Plus de dieux, plus de maîtres, plus d’op­pres­sion ! La Liberté !

Sus à l’É­tat, aux exploiteurs ! et vive la Révo­lu­tion internationale.

Alain Gouzien


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