Je ne dis pas soviétiques, car en Russie il n’y a pas de soviets. Ce n’est qu’une oligarchie despotique dans les périodes où manquent l’autocrate traditionnel… Voici déjà 63 ans qu’existe cette création du socialisme « scientifique », cette dictature du « prolétariat » qui ne devait durer que peu, le temps de liquider les classes, après quoi, disait et le dit toujours la recette du même socialisme, c’est la société sans classes, le socialisme, le communisme… le paradis ! En attendant, on a liquidé dans ce malheureux pays les ennemis de classe, les « ennemis » politiques des autres mouvements socialistes et des paysans par millions. On a fait mourir d’autres millions par la famine artificiellement créée. On a liquidé la vieille garde léniniste qui a d’ailleurs bien mérité son sort pour avoir été l’avant-garde de la terreur et de la félonie du début. Ils ont inventé aussi les terribles camps de concentration qui ont servi de modèle à toutes les dictatures du monde, de sorte que cette « démocratie » centraliste y a fait mourir pas moins de 60.000.000 d’innocents ! Ils ont fait aussi une guerre patriotique avec promesse solennelle de liberté et on prépare et on donne le ton à une nouvelle guerre, atomique cette fois. Tout ceci est le fruit bien mûr de socialisme « scientifique » inventé par Marx et son valet bien docile, le fabriquant Engels. Si il y a plus d’un siècle, nanti d’une bonne dose d’arrogance, on pouvait parler d’un tel socialisme, de nos jours cela devient un attentat à la logique, au bon sens et à la vérité. On se demande avec stupeur comment est possible l’existence de gens aussi bornés que, par exemple, la veuve de Maurice Thorez qui à la TV, l’air ingénu, demande aux français d’accepter « une petite dictature du prolétariat de bien courte durée»… Bien sur cette vénérable vieillarde a toujours vu le monde à travers des lunettes roses. Elle à sûrement accompagné Thorez en Russie et grâce à ses lunettes elle est restée enchantée de cette dictature bien courte ! Mais si des gens comme elle, repus de démocratie (car ils osent dire impunément bien plus que le français moyen) vident le contenu de leur ignorance devant les téléspectateurs, ils sont excusables à cause de l’absence de bagages intellectuel et de l’anesthésie morale dont ils sont atteints. Cependant, ce qui est mille fois plus stupéfiant, c’est de voir des jeunes expulsés par les « socialistes scientifiques » de Moscou qui arrivent et se déclarent marxiste ! Pourtant ils ne sont pas dépourvus de bagage intellectuel, car une bonne partie est formée d’écrivains, de philosophes et de poètes. Ils ne souffrent pas s’anesthésie morale car ils se sont révoltés et ont passé de longues années dans les camps et les prisons psychiatriques. Cependant ils se disent marxistes, bien persuadés que ce sont les « scientifiques » du Kremlin qui se trompent, tandis que eux, les véritables marxistes, sont capables de créer une société juste, humaine et un monde nouveau avec les préceptes d’une théorie qui s’est avérée erronée et néfaste pour l’histoire humaine. En attendant, dès leur arrivée en avion, on les voit se prosterner en direction de la nouvelle Mecque démocratique de Washington et attendre l’occasion et l’honneur de serrer la main du champion des droits de l’homme, Jimmy Carter. Pour être juste, il faut accorder une circonstance atténuante à ces jeunes gens qui ont dû passer obligatoirement par l’alchimie scolastique du marxisme. Tout y passe, la jeunesse comme les vieillards, dans ces chambres pires que celles à gaz, celles du lavage des cerveaux. Cependant il y a une circonstance aggravante : ces dissidents avaient des compatriotes glorieux, des révolutionnaires dotés d’une abnégation apostolique tels que Tchernichevski, Dobrolubov, Herzen, Ogarev, et le géant de la révolution russe et mondiale, Michel Bakounine. Et stupeur, le silence à leur égard est complet de la part de ces écrivains, poètes, etc.! Le seul lavage de cerveaux ne suffit pas car dans leur pays les œuvres de ces géants existent, quoique accompagnées de commentaires ridicules. La réticence de ces dissidents ne peut pas s’expliquer par le manque d’information, car en pleine guerre, lors du passage des troupes russes dans notre ville en Bulgarie, j’ai connu deux soldats qui à la question « Êtes-vous marxistes ? » répondirent « Je suis bakouniniste » en disparaissant dans la foule des soldats, car en temps de guerre il faut un sacré courage pour faire des aveux pareils. Or l’attitude de cette nouvelle émigration ne s’explique que par le fanatisme dont ils sont imprégnés, et ils ont souffert à tort et en vain, car avec le marxisme on ne peut créer qu’un ordre étatiste et une dictature comme celle de leur pays… Nous libertaires, nous n’avons jamais promu nos idéologues au rang de génies, de prophètes et de dieux comme le font régulièrement les marxistes. Cependant, on ne peut pas s’abstenir de rappeler à ces dissidents qu’il y a plus d’un siècle, Bakounine disait : « Tout gouvernement, même composé d’authentiques ouvriers, ne tardera pas à se transformer en une nouvelle aristocratie et tyrannie ». Cette prophétie a été tragiquement confirmée par l’histoire, hélas ! Mais le même oracle, la bête noire aux yeux de Marx, continuait « Liberté sans égalité, c’est injustice et privilèges ; égalité sans liberté, c’est la bestialité ». comme en Russie il n’y a ni l’un ni l’autre, c’est encore pire, c’est l’absolutisme d’Ivan le terrible, de Néron, de Caligula et des Pharaons…
Oui, Bakounine était la bête noire pour le père du socialisme « scientifique ». avec une ambiguïté et une hypocrisie effarantes, ne pouvant pas combattre les vérités simples de ce grand révolutionnaire, Marx est passé à l’intrigue, à la calomnie et aux mises en scène de congrès truqués et de procès qui ont servis de modèles aux fameux procès staliniens. Il s’inquiète dès le début de la carrière révolutionnaire de Bakounine. Celui-ci n’était pas encore anarchiste et prêchait la révolution des paysans slaves opprimés par toutes les monarchies de l’Europe centrale et orientale. Néanmoins on devinait déjà l’apôtre de la révolution mondiale, car il prévoyait l’extension de la fronde aux autres pays et dans le monde entier. Lorsque Bakounine combattait sur les barricades de Dresde et que resté à son poste jusqu’à la fin il fut condamné à mort, cela ne gênait par Marx de vitupérer contre lui car, paraît-il, son pan-slavisme aurait entravé la révolution allemande qui n’existait que dans l’imagination des marxistes. Il n’y eut que l’escarmouche de Dresde, menée par des démocrates bourgeois, où Bakounine fut surpris et pris à part, car il luttait sur toutes les barricades du monde. En réalité son but était d’atteindre Prague pour y déclencher la révolution slave à laquelle il œuvrait déjà depuis sa jeunesse. Cette calomnie n’étant pas suffisante, les aides de camp de Marx répandirent le bruit que Bakounine serait un agent du Tsar et la « nouvelle » fut imprimée et répandu par le propre journal du Pape du socialisme « scientifique », Die Neue Rheinische Zeitung. L’énorme mensonge affirmait que George Sand aurait été en possession de documents irréfutables. Bakounine écrivit à l’écrivain qui était son amie et elle lui exprima sa profonde indignation pour cette odieuse calomnie. Cependant, Marx faisait l’ingénu, il n’en savait rien, il aurait été absent etc. Sur le chemin de Prague, Bakounine rencontre Marx et croyant, ou faisant semblant de croire à ces mensonges son grand cœur slave oublie tout et il embrasse son détracteur. A Dresde, il est condamné à mort et livré aux autorités autrichiennes et il est de nouveau condamné à mort. Mais la mort ne veut pas de lui et on le livre aux mains du tsar, son pire ennemi. Comme on le sait déjà, il purge cinq années de forteresse et deux ans de Sibérie après quoi il réapparaît en Europe. Ainsi passent sept années de la vie de Bakounine mais la vieille calomnie n’est pas oubliée. Elle couve dans l’âme et les archives de Marx et attend le moment propice. Le grand révolutionnaire est devenu non seulement une figure légendaire, mais il a muri : débarrassé de son panslavisme, il prône la révolution sociale prolétarienne antiétatiste qui devrait instaurer une société libre, basée sur le principe fédéraliste et qui doit s’autogérer à l’aide des conseils (soviets) ouvriers, paysans et ceux de toutes les autres organisations dont les délégués, librement élus et révocables, formeraient le conseil communal. La commune devrait être une petite république qui s’unit aux autres communes pour former une province et la totalité des provinces composent la nation. Par la voie du fédéralisme, les nations s’unissent en continents pour former finalement la grande fraternité mondiale. Tout ceci pouvait paraître naïf et utopique en son temps et Marx n’oubliait pas de le souligner. Mais de nos jours où l’expérience des « scientifiques » a abouti a la plus formidable dictature de l’histoire humaine, les choses se présentent sous une lumière différente. On reprochait à Bakounine l’absence de quelqu’un qui commande, mais à force de commander on arrive là où sont les choses dans cette immense prison nommée « Union Soviétique ». Donc il ne faut pas de commandants, mais l’organisation libre des travailleurs par la voie fédéraliste. Aujourd’hui, nous avons au moins deux organisations de ce type qui existent à l’échelle mondiale depuis plus d’un siècle : l’Union Postale et celle des chemins de fer. Là, personne ne commande, tout se fait par entente mutuelle et cela va à merveille. Marx se moquait des idées de Bakounine, mais il en avait une peur panique. C’est que les ouvriers en Suisse, en Italie, en Espagne, en France embrassaient les idées libertaires et leurs sections formaient la majorité au sein de l’Internationale. Bakounine était devenu un héros de la révolution ayant uniquement Garibaldi pour émule. Et au congrès de la Ligue pour la Paix et la Liberté en 1866 à Genève lorsque Bakounine monte à la tribune, le président Garibaldi se lève, va à sa rencontre et le serre dans ses bras. A cette époque, on n’avait pas encore adopté la coutume arabe de se distribuer des baisers comme on voit tous les potentats du Kremlin régaler de leur salive leur vassaux du vaste empire colonial. Naturellement Marx devait prendre ses précautions car le congrès de Bâle en 1869 avait montré la force du mouvement libertaire malgré l’absence de plusieurs délégués du sud trop pauvres pour payer le voyage. Alors effrayé Marx déclenche à nouveau les orgues de la diffamation : le révolutionnaire de légende, l’ennemi n°1 de toutes les monarchies devient encore une fois le bras droit du Tsar ! Et cela malgré ses sept années de forteresse et de bagne, en dépit de ses condamnations à mort et sa lutte sur les barricades de Prague et de Dresde. Il fallait être foncièrement pourri dans l’âme pour pouvoir débiter des mesquineries pareilles, répugnantes et dégradantes pour leur auteur. Cependant cela ne suffisait pas, il fallait faire le procès de Bakounine. Il faut l’exclure de l’internationale et tandis que les prolétaires de Paris mouraient en défendant la commune, pendant que Bakounine organisait à Lyon et à Marseille des insurrections et d’autres communes, Marx préparait sa vendetta. En vue du congrès de 1872 qu’il convoqua à dessein en Hollande, il cherchait fiévreusement des charges contre son « ennemi » mortel. Grâce à son âme généreuse, Bakounine avait eu l’imprudence de collaborer deux ans avec Netchaev, un précurseur du bolchévisme, voyant dans quelle misère il vit, ce jeune terroriste décide d’envoyer une lettre de menaces à l’éditeur russe qui avait avancé 300 roubles à Bakounine pour la traduction du « Capital ». Le pauvre homme avait commencé son travail puis, emporté par son élan dans l’organisation de la révolution et de son énorme courrier, il a délaissé la traduction. Il est très possible qu’elle le dégoutait car il écrit à un de ses amis : « je suis en train de traduire la métaphysique de Marx ». Toujours est-il que le travail s’arrêta et Bakounine attendait en vain de l’argent de ses frères afin de pouvoir rembourser l’éditeur. L’intermédiaire dans cette affaire est un étudiant, Lubavine, que Marx cherche fiévreusement afin d’avoir le témoignage de « l’escroquerie ». Et il doit rester déçu car l’étudient lui répond négativement. Bakounine n’aurait pas pris part à la lettre de menace et au chantage. Mais Marx et ses valets ont déjà émis leur sentence : on charge le vaillant révolutionnaire de tous les écrits terroristes de Netchaev. Au congrès réunit à La Haye, les bakounistes sont minoritaires car le voyage était trop long et couteux pour les délégués du Sud. Auparavant on organisait les congrès en Suisse, beaucoup plus accessible pour les sudistes, mais Marx qui dirigeait l’Internationale en autocrate au sein du secrétariat général (élu par personne) avait calculé de convoquer le congrès loin au nord. Or Bakounine était accusé de dictature, voulant s’emparer de l’Internationale et d’escroquerie, accusé par celui qui pratique la dictature depuis la fondation de l’Internationale et le père du communisme « scientifique », partisan de l’expropriation des richesses de la bourgeoisie ! Quel avant-goût des procès staliniens !
L’histoire a voulu se moquer de la justice, elle a jeté 1⁄3 du monde dans les griffes des disciples d’un métaphysicien halluciné, et cela grâce au geste impardonnable des marins anarchistes de Kronstadt qui chassèrent Kerenski pour laisser s’introniser Lénine. En avril 1921 ces héros payèrent de leur sang l’erreur historique. Et dire que pendant 4 longues années ils auraient pu faire changer l’histoire de la Russie et du monde, si ils avaient été mieux instruits dans les idées de Bakounine. Mais penchons-nous un moment sur cette super-science marxiste et examinons-en ses lois de fer, ou d’acier comme les voulait Engels :
Il semble de prime abord que cela ne vaudrait pas la peine de s’occuper du marxisme qui est un système métaphysique dans les temps modernes, mais considérant qu’un bon tiers de notre planète se trouve sous la botte de ses führers et de ses gauleiters, quoique divisés, on est forcé de changer d’avis. C’est que tout mouvement politique repose sur une théorie de sorte que l’on ne pourrait pas le combattre sans s’attaquer à sa base philosophique. Le marxisme, son « matérialisme » dialectique et historique repose entièrement sur la conception idéaliste et métaphysique de Hegel, le philosophe allemand qui a battu tous les records en intuitions arbitraires, se trouvant en désaccord complet avec la réalité. Il n’est original que dans la mesure où il use de toute sa rhétorique abstraite pour justifier la monarchie prussienne dont il était le fidèle valet. Le reste, il l’a copié du philosophe antique Héraclite qui basait son système sur le changement perpétuel des mondes. « Tout change, tout coule » disait-il. Il n’est lui-même pas original, il a un illustre précurseur, le philosophe Anaximandre, qui considérait l’univers composé d’une substance unique inconnue et animée d’un mouvement et changement éternel. Hegel copie également l’idée d’Héraclite selon laquelle dans tous les objets et tous les phénomènes il y a des forces contraires dont la lutte produit le changement et le progrès. Il est donc partisan de la lutte et de la guerre, où les forces contraires s’uniraient dans un mouvement d’harmonie ! Pour être logique, Héraclite se déclare contre Homère qui préconise la disparition de la guerre parmi les dieux et entre les humains. « Il ne pensait pas qu’il prie pour la destruction du monde, s’indigne le bon Héraclite, car si sa prière était exhaussée, tout irait en ruine ». Hegel copie encore d’autres idées, et après une salade d’Idée absolue, d’Esprit absolu et de Dieu, il nous sert l’ineptie également copiée selon laquelle il n’y a que le tout qui est réel et existe en entier tandis que le particulier est réel seulement en partie. Cela veut dire que Dieu seul, ou l’esprit absolu existe pour de vrai et le reste n’existe qu’au quart ou à la moitié ! Naturellement il copie aussi l’idée de la guerre et devient son partisan passionné, mais uniquement lorsqu’elle est victorieuse pour la couronne de Prusse. Ici s’accomplit un miracle philosophique : le pronateur du changement et du progrès perpétuel voit dans sa philosophie la réalisation de l’esprit absolu. Cela signifie que parmi tous les systèmes philosophiques, il n’y a que le sien qui existe à part entière et représenterait en plus la fleur de la pensée humaine qui resterait telle pour l’éternité. Cependant la réalisation de la divinité ne s’arrête pas là, elle s’effectuerait également dans la monarchie prussienne qui lui est si chère. Ces deux réalisations restent à planer seule dans un monde inexistant ou en partie réel avec la permission du bon penseur. Allons croire que nous avons à faire à un homme normal. Tout ceci n’est pas de nature à le gêner lorsqu’il affirme : tout ce qui est rationnel existe et tout ce qui existe est rationnel. C’est une autre astuce pour étayer la monarchie prussienne et à la fois une contradiction car à cette époque il y avait plusieurs monarchies qui du coup deviennent rationnelles, existantes etc. Cependant dans Hegel il y a des sottises originales : son éternel mouvement progressif s’effectuerait suivant une recette à lui : thèse, antithèse, synthèse. Cela veut dire que la lutte des forces contraires qui sévit dans chaque chose amène un stade initial (thèse) à sa négation (antithèse) et celle-ci va à son tour vers sa négation, la synthèse, qui ne serait autre que la thèse à un degré supérieur. Pourquoi tout cela ? C’est un mystère dont seuls les marxistes possèdent la clé. Cependant cette ineptie et tout le brouillard qui recouvre « la fleur de la pensée » ne gênerait pas leur auteur pour répondre avec arrogance à ces critiques qui lui démontraient que les faits infirment ses théories : « tant pis pour les faits » rétorquait-il en passant.
Marx et Engels étaient disciples de Hegel et le restèrent jusqu’à la fin de leur vie, nonobstant l’affirmation que, ayant pris connaissance du matérialisme de Feuerbach, ils délaissèrent Hegel et se firent matérialistes. Cela saute aux yeux si on analyse leur conception point par point :
1. Ils adoptèrent le système hegelien presque en entier à‑priori, ensuite ils se mirent à la recherche de preuves en déformant et en falsifiant la science.
2. L’idée de grandeur concernant « la fleur de la pensée humaine » et sa pérennité passent dans le marxisme en entier et sans camouflage. Lui aussi représenterait la super-science et le super-socialisme valable à tout jamais. Cela veut dire qu’ils ne doivent subir aucun changement dans un monde soumis à un perpétuel mouvement progressif dialectique. Il devient clair à tous que les Papes marxistes se contredisent eux-mêmes, car ou bien le monde est soumis à un changement éternel concernant également le marxisme qui tôt ou tard devrait aboutir à sa négation (antithèse), ou bien l’univers est statique et il y a des choses et des états perpétuels tels que les hallucinations de Hegel et Marx.
3. Dans l’hegelisme le ressort ou la force motrice dans l’univers est l’idée, ou esprit absolu, qui est une cause en soi et se développe toute seule. Dans le marxisme, il y a une thèse identique concernant le développement historique. Ce serait l’économie, stimulée par le progrès des moyens de production qui détermine l’alternance des régimes sociaux, de leur loi et de toute la superstructure de la vie intellectuelle. Ils n’ont aucune réponse et celui qui avance l’affirmation que ce sont les besoins humains qui font progresser les outils et les machines est accusé de biologisme ! C’est une sorte d’hérésie aux yeux des marxistes qui par ce fait se déclarent partisans de l’autodéveloppement des forces productives. Une analyse attentive nous montre que l’histoire n’est pas toujours tributaire des moyens de production. Ainsi depuis l’antiquité jusqu’à la révolution industrielle au siècle dernier, nous voyons les mêmes forces productives : l’artisanat et la manufacture dont l’eau constituait l’énergie motrice. Pourtant il y a eu des changements de régimes, de lois, de philosophie etc. durant ce long laps de temps ! Il y a cependant une loi qui date de l’époque romaine et qui est toujours en vigueur, c’est celle qui garantit la propriété privée. Comment expliquer cette anomalie ? Les forces productives et toute l’alchimie marxiste ne servent à rien. Il n’y à que la conception vraiment matérialistes, celle des rapports de possession qui nous fournit la clef. Dans ses égarements métaphysiques, Marx prend à tort ceux-ci pour des rapports de production qui devraient obligatoirement changer lorsqu’ils entrent en conflit avec les moyens de production. Quelle chance, tout est automatique dans le marxisme et va sur des roulettes. L’histoire nous apprend que les rapports de possession sont primordiaux et firent leur apparition au sein de la société primitive. Depuis les richesses changent et vont aux mains des plus forts, des vainqueurs. Les forces productives étant une richesse les accompagnent, mais elles n’ont jamais déterminé le cours de l’histoire. La preuve : la révolution russe n’éclatât pas à cause du conflit imaginaire entre les rapports de production et les machines, mais bien à la suite des rapports de possession dans une société semi-féodale où l’énorme masse paysanne ne possédait que ses bras et sa misère. Et encore : la grande révolution fut sabotée par une oligarchie de parti qui saisit les terres et les forces productives et confectionna une société , où les rapports de production sont bien pires qu’à l’époque des tsars.
4. Nous ne pouvons pas prendre au sérieux l’assertion de Marx et Engels comme quoi ils auraient rompu avec Hegel en dressant sur les pieds sa conception des idées qui paraît-il reposait sur sa tête auparavant. D’après Hegel, les idées s’extériorisent de notre esprit et créaient les objets et les choses qui n’existent pas objectivement. Marx et son adjoint se mirent à voir dans les idées les photographies des choses. C’est l’unique conception matérialiste qui corrige une faible part de l’énorme édifice métaphysique adopté en bloc par les papes marxistes. Il la copièrent de Feuerbach qui était disciple des matérialistes français de l’école de Diderot que précédait déjà John Lock avec sa conception de « tabula rasa » du cerveau humain à la naissance. Tout ceci ne gêne pas nos héros pour se considérer comme les pères du matérialisme quoique le faible voile matérialiste, bien transparent, n’arrive pas à camoufler l’édifice métaphysique sur lequel repose le marxisme. Nous avons déjà cité quatre points qui démontrent l’identité des systèmes hegeline et marxiste. Le cinquième est catastrophique pour le marxisme, mais faisons une petite digression.
Les marxistes disposent d’une armée d’idéologues et de professeurs qui inculquent obligatoirement leur « science » dans les cerveaux de la jeunesse des pays colonisés par leur gauleiters. Pas un d’entre eux ne vous dira ce qu’est au juste la dialectique. Les uns affirment avec Engels que c’est une manière de penser et les autres la considèrent comme une méthode de recherche scientifique. En réalité ce terme provient du mot grec « dialego » qui veut dire conversation. Dans l’antiquité on a écrit presque tous les livres sous forme de dialogues avec questions et réponses. Platon a fait ses volumineux ouvrages de cette façon. Socrate n’a rien écrit, mais il répandait ses idées sous forme de questions auxquelles les assistants devaient répondre. Comme il posait trop de question défavorables à la « démocratie » d’Athènes, il fut condamné à mort. Cependant le philosophe pied nus n’est nullement attristé par la sentence. Il se réjouit par contre de ce que son âme rejoindra l’autre monde, où elle sera immortelle et il pourra poser à volonté ses questions sans risque de peine de mort. Pourquoi Hegel a baptisé sa doctrine nébuleuse dialectique, ceci reste inexplicable. De toute façon, Marx et Engels adoptent cette dialectique remettent une petite partie sur les pieds et déclarent : « la dialectique est un ordre cosmique, écrit Engels dans sa brochure « L. Feuerbach », une loi universelle qui régit tout dans ce monde : les processus matériels aussi bien que les phénomènes spirituels. Le cerveau humain est dialectiquement constitué et entouré de processus dialectique donc, qu’il le veuille ou non, il est obligé de penser dialectiquement ». Hélas, le « perspicace » Engels met en ruine tout ce bel édifice en se lamentant seulement quelques lignes plus loin que : « le nombre des naturalistes ayant appris à penser dialectiquement est très restreint ». Or du moment que notre cerveau est libre de choisir sa façon de penser, il est logique de penser que le fameux univers dialectique et ses lois existent seulement dans les têtes des marxistes. Or en définitive les Papes de la super-science et du socialisme « scientifique » ne s’avèrent que de vulgaire plagiaire métaphysiques. Pour plus de précision, il faut noter que dans la plainte d’ Engels il y a une exagération car il n’y a pas un seul naturaliste qui aurait appris à penser dialectiquement. Avec l’expression de « nombre restreint de naturalistes » on visait uniquement Darwin, mais c’est une erreur grossière car il était évolutionniste ce qui est contraire à la conception dialectique qui considère le progrès comme le résultat de mutations entre thèse, antithèse etc., ce dont Darwin n’avait aucune notion. Les pères du marxisme et leurs disciples de nos jours de peuvent se référer à aucun naturaliste, ni à un autre savant dialecticien car nous connaissons bien le nombre élevé d’académiciens licenciés à Moscou pour réticence à la scolastique moderne.
Marx et Engels n’avaient rien de savants en histoire naturelle ou dans les autres sciences préciales. Ce n’étaient que des dilettantes qui s’étaient imposés une tâche bien ingrate : fouiller les sciences afin de trouver des preuves pour étayer la métaphysique hegelienne déjà adoptée à‑priori. Or ils retroussent leurs manches et s’acharnent surtout dans la chimie et, faute de preuves patentes, ils déforment les faits. L’essentiel c’était de « démontrer » la validité universelle des lois dialectiques. Elles sont trois :
- Loi de la pénétration mutuelle(cohabitation) des contraires.
- Loi des changements quantitatifs passant en en qualité nouvelle.
- Loi de la négation à la négation, ou la fameuse triade (thèse, antithèse, synthèse).
Selon la première « loi », nous ne pouvons avoir aucune notion précise sur les choses et les phénomènes car ils changent à chaque instant et sont composés de deux contraires. Donc un objet donné est lui et non-lui, une loi naturelle est elle et non-elle, un comprimé de poison est à la fois non-poison et le train qui arrive est train et non-train ! Aux fins de la vérification de cette « loi » nous recommandons à ces savants d’avaler le comprimé de non-poison et de se placer sur la voie du non-train. Au fait, cela représente une sorte d’agnosticisme qui est inhérent à chaque système métaphysique. Empédocle, le contemporain d’Héraclite, ridiculisait ces assertions vieilles de 25 siècles en disant : « un homme ne peut être à la fois grand et petit, ni un corps froid et chaud. Froid est ce qui n’est pas chaud ». Engels a fait un grand effort pour étayer la seconde loi. Il a fouillé à fond la chimie organique, surtout les phénomènes isomères, et a récolté quelques succès dont il fait grand cas. Ainsi le but de cette loi inventée par les deux marxistes est de prouver le déclenchement automatique de leur supposée révolution par l’accumulation du mécontentement au sein de la classe ouvrière. Naturellement, ils attendaient cet évènement en Angleterre et en Allemagne, pays industrialisés à l’époque où le prolétariat cumulait du mécontentement qui devait passer à une qualité nouvelle, la révolution. Mais puisque ce passage s’effectue par l’accumulation d’un élément unique, le mécontentement, on est en droit de s’attendre à l’apparition d’une nouvelle qualité par l’entassement de pierres, de sable etc., ce qui démontre l’absurdité de cette « loi universelle ». La troisième loi, la négation à la négation est étayée par un rapiéçage trop apparent. Engels dit : « prenons un grain d’orge et plaçons-le dans le sol. Il germe, se dessaisit (meurt) et donne naissance à la tige, son antithèse. A son tour celle-ci meurt et produit l’épi avec plusieurs grains, ce qui est la synthèse. » Afin de démontrer l’ineptie de cette « science », nous posons la question : combien de fois se dessaisissait (mourait) une femme de la campagne qui accouchait chaque année ? Combien de fois dans sa vie se dessaisit (meurt) une souris, une lapine ou une truie qui mettent au monde des centaines de petits ? Cependant comme toujours c’est Engels lui-même qui se charge de la réfutation de ses théories : « je ne dis rien, écrit-il, sur les processus qui ont lieu dans le grain et la tige, je constate seulement les lois générales. » Tout le monde sait déjà que des prétendues lois générales s’occupaient uniquement de la métaphysique jusqu’au début du siècle dernier. De nos jours, où la science a fait un bond colossal, il n’est pas permis de parler de ces lois inexistantes.
Cependant les marxistes du plus grand empire colonial ne désarment pas car les bla-bla les servent de la manière suivante :
- Par leur « science » nébuleuse ils arrivent à attirer certains jeunes des cours obligatoires de marxisme qui se font dans toutes les écoles et universités.
- Certains mi-lettrés de l’occident mordent à l’hameçon dialectique et deviennent des agitateurs utiles.
- La première « loi » dialectique qui traite le noir de blanc et vice versa est monnaie courante dans les dictatures où en définitive le chef décide de ce qui sera blanc ou noir, ce qui est juste ou injuste. La théorie leur facilite grandement la tâche puisque les choses seraient à la fois blanches et noires, justes et injustes, ou morales et immorales. Dans ces pays, les droits de l’homme seraient respectés le mieux du monde ; si les queues aux magasins persistent cela vient du ciel et jamais du régime. Si la production est défaillante, la faute est aux travailleurs et jamais à l’exploitation forcenée… En somme, une idéologie construite sur plaque tournante. Il ne reste qu’à leur souhaiter tout le bonheur qu’ils méritent.
P. Gorski