La Presse Anarchiste

Éditorial

Iztok est une revue à paru­tion régu­lière, mais néan­moins espa­cée. Notre pério­di­ci­té semes­trielle nous empêche de trai­ter l’ac­tua­li­té, sauf cas excep­tion­nels qui sont trai­tés dans nos édi­to­riaux. Iou­ri Andro­pov, que nous remer­cions ici, a eu la déli­cate atten­tion de mou­rir quelques jours avant le départ à l’im­pri­me­rie de ce numé­ro. Il nous per­met donc de faire un édi­to­rial col­lant pour une fois à la grande actua­li­té. C’est d’ailleurs la seule chose inté­res­sante qu’il ait fait dans sa vie à notre humble avis.

Nous ne sou­li­gne­rons que deux points à pro­pos de sa mort. Le pre­mier concerne le bilan de son court règne (15 mois, soit un de moins que Soli­dar­ność. À son acces­sion au poste de 1er secré­taire, les savants poli­to­logues occi­den­taux (jour­na­listes, hommes poli­tiques ou autres) le clas­saient par­mi les « libé­raux », et pro­nos­ti­quaient donc une poli­tique libé­rale. Andro­pov avait même d’a­près eux l’in­ten­tion d’en finir avec la guerre en Afgha­nis­tan, à laquelle il aurait été oppo­sé depuis le début. En fait il s’est sur­tout dis­tin­gué par l’aug­men­ta­tion de la répres­sion en URSS même, s’at­ta­quant non seule­ment aux dis­si­dents de pre­mier plan, mais aus­si à la masse de ceux qui les sou­te­naient plus ou moins ouver­te­ment, rédui­sant l’op­po­si­tion à des groupes semi-clan­des­tins et dimi­nuant sen­si­ble­ment la pro­duc­tion du samiz­dat. En Afgha­nis­tan, la guerre conti­nue tou­jours et une nou­velle tac­tique a été adop­tée : le net­toyage sys­té­ma­tique des régions tenues par les maqui­sards, et donc l’emploi contre la popu­la­tion civile de méthodes que l’on peut qua­li­fier d’extermination.

Le second point concerne la suc­ces­sion d’An­dro­pov. On a de nou­veau droit aux « grandes manœuvres » des pré­dic­tions poli­tiques et à l’a­na­lyse des moindres textes, dis­cours, articles, com­mu­ni­qués, pho­tos en pro­ve­nance du Krem­lin. Les soit-disants spé­cia­listes ayant déjà mon­tré leur redou­table clair­voyance, il est inutile de les écou­ter de nou­veau. Savoir si le suc­ces­seur qui s’im­po­se­ra à la fin sera plus ou moins « libé­ral » que son pré­dé­ces­seur ne sert à rien. La mort d’An­dro­pov n’a en rien affec­té les struc­tures et le mode de fonc­tion­ne­ment du par­ti et de l’É­tat sovié­tiques. La péren­ni­té du régime vient de là, et non pas de la per­son­na­li­té qui occupe momen­ta­né­ment le fau­teuil du haut de la pyra­mide. Dans ces condi­tions, il n’est pas dif­fi­cile de dire ce que sera à court terme l’a­ve­nir de l’URSS : il res­sem­ble­ra étran­ge­ment à son pas­sé immé­diat, sans autres secousses que les quelques vague­lettes pro­vo­quées par la dis­pa­ri­tion du cer­cueil d’An­dro­pov au fond de l’o­céan de l’histoire.


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