Cet amendement de 1901 disposait en substance :
1. — Le gouvernement de Cuba ne conclura jamais avec aucun pouvoir étranger aucun traité ou pacte qui amoindrisse ou tende à amoindrir l’indépendance de Cuba.
2. — Le dit gouvernement ne contractera aucune dette publique dont l’intérêt et l’amortissement ne puissent être payés par des recettes officielles une fois couverts les frais courants du gouvernement.
3. — Le gouvernement de Cuba consent à ce que les États-Unis exercent le droit d’intervenir pour préserver l’indépendance et l’existence d’un gouvernement adéquat à la protection de la vie, de la propriété et de la liberté individuelle des citoyens.
7. — Pour permettre aux USA de maintenir l’indépendance de Cuba et de protéger le peuple cubain, de même que pour assurer sa propre défense, le gouvernement de Cuba vendra ou louera aux USA les terrains nécessaires pour établir des stations de charbon ou des bases navales en certains points déterminés dont il sera convenu avec le Président des États-Unis.
8. — Le gouvernement de Cuba insérera les dispositions antérieures dans un Traité Permanent avec les USA.
L’amendement Platt (accepté par la Constituante cubaine) donnait donc aux États-Unis les droits suivants :
- Se réserver la proie cubaine pour eux seuls (art. 1).
- S’installer militairement dans l’île même (art. 7).
- Y intervenir à la faveur de n’importe quelle difficulté politique ou financière (art. 2 et 3).
(Source et commentaire : Masses, avril 1933.)
La bourgeoisie cubaine et ses contradictions internes
Le pays se transformant de colonie en nation autonome, par suite des efforts de sa bourgeoisie naissante, cette bourgeoisie devait tendre à exploiter le pays et ses travailleurs au degré maximum — en se servant de l’aide économique ou militaire des États-Unis pour fomenter ses entreprises ou pour ralentir l’évolution de son prolétariat.
Les intérêts de la bourgeoisie cubaine et de la bourgeoisie des USA momentanément (et d’une façon assez trompeuse) alliés ne pouvaient coïncider constamment dans la suite. On voit alors la bourgeoisie cubaine prendre conscience de sa nationalité non seulement contre son ancienne métropole l’Espagne, mais contre les USA (ce qui n’avait pas lieu au moment de l’amendement Platt). D’où la naissance d’un « nationalisme révolutionnaire » aussi opposé aux USA que ses propres partisans, peu d’années avant, tendaient à la « coopération ».
(Extrait de Masses, avril 1933)