La Presse Anarchiste

La Liberté

Où est l’homme assez auda­cieux pour dire
À la mer : « C’est ain­si que je te ceux et non autrement » ?
Car — qu’elle s’é­tale sereine et magnifique,
Bai­gnant amou­reu­se­ment la terre et reflétant
Le sou­rire du ciel sur ses ondes d’améthyste…
Ou que rafraî­chie par la brise qui souffle
Elle porte vers leur des­tin le com­merce et les navires
Tan­tôt pour l’u­ti­li­té du monde, tan­tôt à des fins plus sévères ;
Ou bien que balayée par la tem­pête, elle n’abandonne
À une furie pri­mi­tive, hur­lante et rugissante,
Mon­tant à l’as­saut de toutes les bar­rières qu’on lui oppose,
Déchaî­née, entraî­nant dans ses abîmes les êtres vivants
Et semant d’é­paves lieues sur lieues de côtes désolées
 — Elle demeure la mer et tous s’inclinent
Devant sa majes­té variée et immense

De même c’est en vain que des hommes timorés
S’ef­for­ce­ront de poser des limites et des bornes à la Liberté,
Car la Liber­té est sa loi à elle-même pour l’éternité.
Elle pose ses propres condi­tions et, au sein de la tempête
Comme au coeur du calme, elle accom­plit son inflexible Volonté.
Ne la mépri­sons donc pas quand elle se repose
Tel un lion assou­pi, tan­dis que sem­blable à un
Essaim de mous­tiques les per­sé­cu­tions bour­donnent autour de sa tête ;
N’en dou­tons pas lorsque, aux époques tourmentées,
Elle secoue la torche de la ter­reur et que ses cris
Épou­vantent la terre qui tremble et que dans la flamme
Du désordre et de la guerre, nous la voyons toute sanglante
Faire rou­ler sur l’é­cha­faud la tête des rois trem­blants d’effroi.
Car dans tes yeux, ô Liberté,
Luit tou­jours la radieuse lumière par laquelle le monde sera sauvé.
Et même si tu nous ôtais la vie, nous aurions encore foi en toi.

John Hay.


Dans le même numéro :


Thèmes


Si vous avez des corrections à apporter, n’hésitez pas à les signaler (problème d’orthographe, de mise en page, de liens défectueux…

Veuillez activer JavaScript dans votre navigateur pour remplir ce formulaire.
Nom

La Presse Anarchiste