Dans l’article auquel nous répondons plus haut, l’Égalité feint de croire que nous demandons un Congrès irrégulier, extraordinaire. Il n’en est rien. Nous demandons la convocation d’un Congrès régulier, de ce Congrès que le Conseil général n’a pas convoqué en 1871 et que la résolution XV de la Conférence de Londres lui donne le droit de ne pas convoquer en 1872. Nous demandons, puisque le Congrès de 1871 n’a pas pu être convoqué avant la fin de l’année — comme quelques-uns d’entre nous l’auraient désiré d’abord et comme le demandait la circulaire du Congrès de Sonvillier — qu’au moins on ne supprime pas celui de 1872, et qu’il ait lieu en septembre prochain, conformément aux Statuts.Voilà ce que nous demandons. Et maintenant que le Conseil général est mis au pied du mur par notre Circulaire, qui fournit à toutes les sections l’occasion de s’expliquer, nos adversaires changeant de tactique, voudraient faire croire que notre protestation était superflue, que personne n’a jamais pensé à supprimer les Congrès généraux, que nos craintes à ce sujet étaient chimériques, etc., etc. — Si c’était vrai, tant mieux ; mais ce n’est pas vrai. La résolution XV de la Conférence de Londres, et en général toute l’action du Conseil général, révèlent clairement les projets et les secrètes intentions de quelques hommes.
Il existe une intrigue dans l’Internationale, intrigue dont le but est de transformer cette association en une organisation autoritaire, en un instrument destiné à servir l’ambition de quelques individualités. Le plan adopté pour arrivé à ce but, est d’expulser au préalable de notre association, après les avoir écrasée sous des monceaux de calomnies adroitement répandues, tous les hommes dont l’esprit d’indépendance aurait pu être un obstacle à la réussite du projet de nos futurs dictateurs.
Mais on peut prévoir dès maintenant que cette intrigue, grâce à l’attitude prise spécialement par les fédérations belge, espagnole, italienne et jurassienne, et que les intrigants et les ambitieux en seront pour leurs frais en leur courte honte.
Cependant le danger n’est pas encore complètement écarté. Les intrigants sont furieux, ils mettent en œuvre toutes les ressources de leur esprit machiavélique pour regagner le terrain perdu, et, trompés dans leur espoir de supprimer les Congrès généraux, nous pouvons nous attendre à les voir inventer bientôt quelque nouvelle ruse de guerre. Ne nous endormons donc point dans une trompeuse sécurité ; et jusqu’au Congrès général, où justice sera faite des intrigants, des calomniateurs et des traîtres, veillons.
Que nos frères d’Allemagne, d’Angleterre, d’Amérique qui ignore le véritable état des choses prennent garde de se laisser tromper. La justice leur faire un devoir d’attendre pour se former un jugement, d’avoir entendu le pour et le contre. Jusqu’à présent, on les a nourris de calomnies contre toute une moitié de l’internationale, contre la moitié la plus vivante, la plus dévouée, la plus révolutionnaire. Mais le jour n’est pas loin où la lumière se fera pour tous.
Pendant de longs mois nous avons dû laisser passer presque sans réponse les calomnies, les accusations injustes, les fausses interprétations ; notre Fédération n’avait pas d’organe qui lui appartint en propre, et nous étions en conséquent forcé de nous taire. Maintenant que nous pouvons parler grâce à ce Bulletin autographié, bien modeste et qui dit éloquemment à nos amis la pauvreté à laquelle les sacrifices d’une année de lutte nous ont réduits — maintenant que nous pouvons parler, nous entrons hardiment en lice, forts de notre droit, de notre amour pour la vérité et la justice, et sûrs des sympathies de tout ce qui, dans l’Internationale, déteste l’autorité sous toutes ces formes et veut la liberté dans l’égalité.