La Presse Anarchiste

Amour harmonique

Moi je sou­tiens que l’homme est bon, j’en ai la preuve.
… … … … … … … …
Pourquoi vous récrier, l’idée est-elle neuve ?
Est-il donc bien prou­vé que l’homme soit méchant ?
Non, car Amour ! Amour ! voilà l’éter­nel chant,
La grande nour­ri­t­ure et du corps et de l’âme ;
Et si tu croules, vieil ordre social infâme,
C’est que nous man­quons tous ou de pain ou d’amour ;
C’est que ton égoïsme aux ser­res de vautour
Nous fait mourir en nous arrachant les entrailles.
Cœurs lâch­es, asservis à des ven­tres canailles,
Au fond je vous plains plus encor que je vous hais.
Vous vivez moins bien que les fauves des forets ;
Égoïstes et vains le sont-ils ? Ils sont braves
S’ils sont féro­ces ! Ils sont libres, vous esclaves !
Car il n’en est pas un de libre entre vous tous
Pas plus qu’il n’en est un d’heureux, entendez-vous ?
… … … … … … … …
Alors ce mon­strueux men­songe, pourquoi faire ?

II

Ta ver­tu femme-esclave : Amour effet contraire !
De Famille et Patrie admire les tableaux,
Mon­strueux com­posé de larmes et tombeaux ;
Mais cela sert si bien Mon­sieur Tyran ton maitre !

III

Si tu voulais ouvrir plus large la fenêtre !
Si tu voulais fouiller plus loin dans l’horizon,
Homme ! laiss­er par­ler ton cœur et ta raison ;
Du Vrai, du Bien, du Beau, tu saurais les extases,
Tu chanterais la loi d’amour aux sim­ples phrases ;
Dès lors tu cesserais d’être si malheureux.
Arrache de ton cœur leur amour cancéreux,
Source hor­ri­ble d’un pus d’é­goïsme qui ronge !
Que le culte du Vrai rem­place le mensonge.
Ta souf­france est à moi, mon bon­heur est le tien ;
Physique­ment notre être a le même lien ;
Du mal d’un petit doigt tout le corps s’inquiète,
Com­ment du deuil de l’un l’autre ferait-il fête ?
Ton bon­heur a son nid dans le bon­heur commun ;
La loi dit : Un pour tous ! et puis, Tous pour chacun !
En dehors de ce cer­cle il n’est point d’harmonie.
Le bon­heur, la rai­son d’être de notre vie,
Où le trou­veras-tu, si ce n’est dans l’amour !
Vas-tu nour­rir un corps bes­tial au jour le jour ?
Ce n’est plus vivre alors, c’est un affreux suicide !
On ne vit qu’en aimant. Veux tu mourir ? Décide.

Paul Pail­lette


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