La Presse Anarchiste

Ce qui se passe

L’affaire Boppe. — Encore une bien édi­fiante et bien mora­li­sa­trice his­toire, que celle-ci : un cer­tain Boppe, qui a la bonne for­tune d’être appa­ren­té au ver­beux guer­rier d’antichambre Bar­rès, tente d’assassiner sa femme endormie.

L’«honorable » jus­tice bour­geoise recon­naît tout de suite un des siens, et, aus­si­tôt, se donne un mal inouï pour l’innocenter. Pen­sez donc, un bour­geois, un capi­ta­liste ; mais c’est sacré, même — et sur­tout — si c’est une crapule !

L’«illustre » baveux de la Ligue des Pan­touf­flards s’interpose, se démène, influence juges et tri­bu­naux et un silence pro­fond s’étend sur cette sinistre comédie.

Excellent la leçon et pro­fi­table l’exemple ! Allons, MM. les Échap­pés de Caserne et de Sacris­tie, vous êtes prévenus.

Vous pou­vez faire ce que bon vous sem­ble­ra sous ce beau régime. La « jus­tice » est faite pour les misé­reux, les sans-logis, mais pas pour vous. Grâce à Sainte-Galette et à d’illustres pro­tec­tions, vous pou­vez rire et nar­guer les foudres rachi­tiques de Dame Thé­mis. Mais pour nous, anar­chistes, que fau­drait-il comme apo­théose?…: un bon coup de balai pour jeter toute cette pour­ri­ture aux égouts.

Filous et Porte-Balles. — Notre « belle » repré­sen­ta­tion natio­nale compte deux nou­velles illus­tra­tions de plus : Ch. Dumont et Bes­son­neau. Aux hâbleurs de farces et aux pitres de foire que nous étions accou­tu­més de voir para­der dans le « glo­rieux » hémi­cycle, s’ajoute une lignée de plus en plus nom­breuse d’aigrefins et d’escrocs. À quand les dépu­tés assassins ?

Voi­ci deux man­da­taires du peuple (?) — oh ! Bloc natio­nal, voi­là bien de tes coups ! — qui, déjà gavés d’or ramas­sé dans la boue et dans le sang, esca­motent une soixan­taine de mil­lions au pré­ju­dice d’un éta­blis­se­ment de cré­dit — une œuvre huma­ni­taire paraît-il (?)

Doués tous deux d’un esto­mac d’autruche, le mor­ceau n’est pas pour leur faire peur, bien au contraire, l’appétit vient en mangeant.

Bra­vo ! le tour est bien joué : je le trouve comique au der­nier point : c’est si drôle de voir ces gens se dis­qua­li­fier entre eux!!!

Cela démontre lumi­neu­se­ment au peuple que l’on peut très bien s’appeler Ch. Dumont ou Bres­son­neau, être jusqu’auboutiste de la guerre du Droit…, s’approprier la bonne galette du voi­sin, être blo­card-natio­na­lard à outrance et n’en être pas moins un par­fait larron.

Le Pré­sident Mérillon. — Un type celui-là et qui mérite d’être connu. Avo­cat pauvre et beso­gneux du par­quet de Bor­deaux, le sieur Mérillon avait les habits démo­dés, la toge courte et les dents longues. À force d’exercices d’assouplissement, il était par­ve­nu à se faire remar­quer par la désar­ti­cu­la­tion de sa souple échine et la cocasse acro­ba­tie de ses voltefaces.

Avo­cat sans cause, fruit sec du bar­reau, il était qua­li­fié pour deve­nir magistrat.

Élu dépu­té de la Gironde, ce médiocre raté fut d’une nul­li­té, d’un effa­ce­ment trans­cen­dants au Palais-Bouffons.

Son heure n’était pas venue, vous savez, l’heure fameuse qui sonne aus­si bien pour les braves que pour les pleutres.

C’était cette heure-là, qu’il atten­dait ; elle vint en effet sous la forme d’un haut emploi dans le bour­bier judiciaire.

Petit à petit il gra­vit les éche­lons pour­ris de la magis­tra­ture, il ne crai­gnait pas la chute, se cram­pon­nant aux divers pou­voirs au pinacle, se ren­dant néces­saire pour l’exécution des basses besognes judiciaires.

Le pro­cès Mal­vy le trou­va prêt à y jouer n’importe quel rôle, pour­vu qu’il fût bien rétri­bué. Bas­se­ment méchant, il se fit l’accusateur achar­né, à la solde des res­sen­ti­ments clé­men­cistes, de l’ex-ministre bour­geois tom­bé en déconfiture.

Son triomphe fut le comble de la mali­gni­té. Ce métier de hyène lui plai­sait énor­mé­ment et le pro­cès Caillaux le mit encore en vedette. On sait le labeur qu’il y accom­plit ! Ce sinistre pan­tin her­mi­né est par­ve­nu au plus haut degré de l’échelle ; et, à la mort du triste et mépri­sable Bulot, la place lui fut donnée.

C’est un poste où il pour­ra déve­lop­per ses qua­li­tés d’orateur insi­pide et son pen­chant aux macabres et louches besognes. Un pareil emploi est fait pour un pareil homme !

M. Ray­mond.


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