La Presse Anarchiste

Le 18 mars

Le 18 mars a coûté trop cher au pro­lé­tari­at pour que ce puisse être pour nous un anniver­saire de réjouis­sance. Non, cette date, qui inau­gure la trag­ique his­toire de la Com­mune de Paris, ne réveille que des pen­sées graves et tristes : le sou­venir du droit écrasé et du mal triomphant.

Il ne faut pas se faire des illu­sions : au point de vue pra­tique, le 18 mars a grave­ment com­pro­mis la cause de la révo­lu­tion, dont l’avène­ment se trou­ve, par la défaite de la com­mune de Paris, ajournée de bien des années peut-être.

Mais de ce désas­tre il reste au moins un résul­tat acquis : l’idée révo­lu­tion­naire social­iste est enfin sor­tie des abstrac­tions de la théorie, elle est pour la pre­mière fois apparue au monde sous une forme con­crète. Les social­istes ont passé des régions de l’idée dans celles de l’action.

Le levi­er de cette action, c’est l’In­ter­na­tionale. C’est en elle seule qu’est le salut de l’hu­man­ité mod­erne. Et par l’In­ter­na­tionale, nous n’en­ten­dons pas seule­ment telle organ­i­sa­tion formelle qui embrasse aujour­d’hui une por­tion du pro­lé­tari­at ; les organ­i­sa­tions sont chose sec­ondaire et tran­si­toire ; elles se dévelop­pent, se mod­i­fient et quelque­fois se déchirent comme un vête­ment trop étroit. L’In­ter­na­tionale, c’est, d’une manière plus générale, ce sen­ti­ment de sol­i­dar­ité entre les exploités, qui domine le monde mod­erne. Quelle que soit la forme que les per­sé­cu­tions et les cir­con­stances fassent revêtir à cette sol­i­dar­ité, elle est l’In­ter­na­tionale, et cette Inter­na­tionale est immortelle comme la justice. 


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