La Presse Anarchiste

Ce qui se passe

Néant, marasme et vide. La poli­tique est chose mépris­able, certes : toute­fois, en un pays où la vie poli­tique est intense, on peut encore espér­er un mou­ve­ment ou vel­léité de mou­ve­ment…, mais ici : Rien !

Mal­gré toute l’impopularité du sin­istre bon­homme, Poincaré‑l’Assassin se main­tient au Pou­voir. Il a même réus­si à faire reculer la date de la Con­férence de Gênes. Oh ! de peu… mais c’est tou­jours autant de gag­né, et, pen­dant ce temps, les diplo­mates de la France impéri­al­iste vont mul­ti­pli­er leurs efforts…

Les bour­geois répub­li­cains sem­blent défini­tive­ment envasés dans l’inextricable sit­u­a­tion poli­tique et finan­cière où leur imbé­cil­lité peu com­mune a con­duit le pays. La planche à assig­nats con­tin­ue à fonc­tion­ner et les par­lemen­taires à gaspiller un bud­get qui rap­pelle celui de Law. Com­ment cela fini­ra-t-il ? On ne sait trop.

Étant don­née la faible (ô com­bi­en!) valeur révo­lu­tion­naire du Par­ti Com­mu­niste, il est dou­teux que cela finisse autrement que par un com­pro­mis, une de ces bonnes petites cotes mal tail­lées qui, de tout temps, firent le bon­heur des oppor­tunistes. Le sou­venir de Waldeck-Rousseau hante l’esprit des plus intel­li­gents de nos augures, et cela n’est pas pour déplaire aux pon­tif­es des par­tis, fussent-ils « extrémistes ».

Songez donc ! si les brimades d’une Réac­tion trop stu­pide allaient amen­er un mou­ve­ment révo­lu­tion­naire… Quel désas­tre ! Je vois d’ici Cachin prêchant le calme aux foules exas­pérées… Mais, ras­surez-vous, cela n’arrivera pas. Poin­caré est obligé de faire, ou à peu près, la poli­tique de Briand et cha­cun sait que l’habileté de celui-ci con­sis­tait à ne mécon­tenter per­son­ne, afin que, dans un calme relatif, les malins puis­sent con­tin­uer leurs fructueuses affaires. Donc, peu de per­tur­ba­tion à l’horizon poli­tique. Dans quelques mois, sans doute, les « Répub­li­cains » — avec un grand R — ren­verseront Poin­caré et la majorité des électeurs applaudi­ra, on criera à la renais­sance, à la résur­rec­tion poli­tique, que sais-je encore!… et la comédie continuera !

Quant aux par­tis de Droite, ils en sont réduits à soutenir vigoureuse­ment l’ex-dreyfusard Poin­caré et l’ancien cham­bardeur Millerand. Quelle navrance ! Daudet demande l’arrestation de Briand, qui doit bien rigol­er ; le Fou du Roy dénonce égale­ment les menées bolchevistes… il retarde.

Le Par­ti Com­mu­niste, lui, a des préoc­cu­pa­tions intel­lectuelles — par­faite­ment ! La con­tro­verse Rol­land-Bar­busse fait glos­er et clabaud­er. L’incompréhension de la plu­part dépasse les bornes de la décence, et déjà j’ai enten­du quelques « com­mu­nistes éprou­vés » injuri­er Romain Rolland.

Les chiens aboient…

[/Génold./]


Publié

dans

par

Étiquettes :