La Presse Anarchiste

Les quais de demain

Avant l’heure, par Ch. Malato (suite)

Nous rece­vons une aimable lettre de notre ami Mala­to. Mal­heu­reu­se­ment, l’a­bon­dance des matières nous oblige à n’en don­ner qu’un trop court extrait — le plus intéressant :

« Ce que je crois néces­saire et même inévi­table de par le fait des cir­cons­tances, qu’on le veuille ou non, c’est non pas l’union mais la coa­li­tion, coa­li­tion abso­lu­ment tem­po­raire et subor­don­née à telle ou telle éventualité.

« Entre ces deux mots, union et coa­li­tion, je fais une très grande dif­fé­rence ; le pre­mier implique la sou­mis­sion géné­rale à une seule doc­trine, l’en­rô­le­ment sous une même ban­nière ; le second signi­fie sim­ple­ment l’en­tente sur les quelques points com­muns aux dif­fé­rents par­tis révo­lu­tion­naires ; union veut dire fusion, coa­li­tion est moins qu’alliance.

« Que pos­si­bi­listes, gues­distes, blan­quistes et anar­chistes n’aient pas le même but, c’est de toute évi­dence, mais on ne peut nier non plus que ces dif­fé­rentes écoles aient des points com­muns et qu’une réac­tion bour­geoise les menace éga­le­ment. Subor­don­née à l’é­ven­tua­li­té d’une res­tau­ra­tion ou d’une dic­ta­ture bou­lan­giste, cette concen­tra­tion de gens qui ont le même inté­rêt à ne pas se lais­ser fusiller me semble tout indiquée. »

Soit, nous le vou­lons bien. Mais Mala­to devrait remar­quer que ce qu’il appelle coa­li­tion existe taci­te­ment non seule­ment entre nous et les dif­fé­rents par­tis révo­lu­tion­naires, mais entre tous les par­tis d’op­po­si­tion, quels que soit la teinte de leur monar­chisme, le vic­to­risme ou le jéro­misme, de leur bona­par­tisme ; quel que soit le pos­si­bi­lisme, le blan­quisme, l’im­pos­si­bi­lisme ou l’a­nar­chisme de leur socialisme.

Il est donc oiseux d’er­go­ter là-des­sus puisque cette coa­li­tion existe et exis­te­ra tou­jours, que l’on soit pour ou contre.

* * * *

Nous rece­vons deux bro­chures de pro­pa­gande : Les Guerres de demain, par Schi­ro­ky ; Le Com­mu­nisme devant le Par­ti ouvrier, par Jacques Pro­lo. Nous ne sau­rions trop enga­ger nos cama­rades a les lire. En vente, 10, pas­sage des Ron­don­neaux. Prix, 0.10 chaque.

Les fauteurs de la Commune : MM. Thiers, Louis Blanc par Le Solitaire

L’au­teur nous montre Thiers exé­cu­té, flé­tri par de Cor­me­nin, Alceste, Le Siècle, L. Blanc (son copain de 71), Ch. Bes­lay et… par lui-même.

Il est dans la vrai lors­qu’il affirme que la Révo­lu­tion du 18 mars devait avor­ter « parce qu’il s’y mêla des pré­ten­tions d’or­ga­ni­sa­tion sociale intem­pes­tive, anti-natu­relle et sur­an­née ». Mais hélas ! pas plus que les com­mu­na­listes il n’é­chappe au sec­ta­risme et à l’u­to­pisme. Il s’é­crie : « Le com­mu­nisme est mort, vive le mutua­lisme ! » c’est-à-dire, une orga­ni­sa­tion sociale uto­pique est morte, vive une autre orga­ni­sa­tion aus­si intem­pes­tive, anti-natu­relle et sur­an­née ! Quelle contradiction…

Puis, avec de très inté­res­santes preuves a l’ap­pui, il nous prouve que Thiers fut le « pre­mier fau­teur de la Commune ».

Ensuite, il passe a Louis Blanc. Avec les propres écrits de celui-ci, il nous le fait voir ardent pro­pa­ga­teur des idées com­mu­na­listes qu’il reniait en 71. Ici le phi­lo­sophe s’ar­rête, muet de stu­pé­fac­tion. Certes, nous admet­tons qu’un homme, par suite d’é­vé­ne­ments, de lec­tures et de réflexions, change d’o­pi­nion ; mais de là à trai­ter ses anciens condis­ciples en cri­mi­nels et à les pour­chas­ser comme des bêtes fauves, il y a tout un abîme. L’His­toire col­le­ra les deux fau­teurs de la Com­mune, Thiers et L. Blanc, au même pilo­ri — à côte des Cavai­gnac, Tolain et Gallifet.

Ce livre, inté­res­sant a tous les points de vue, se ter­mine par de très curieux docu­ments concer­nant la répres­sion ver­saillaise. Le meilleur éloge que nous en puis­sions faire, c’est de dire que les œuvres ain­si écrites et pen­sées sont rares en cette époque mercantile.

* * * *

Nous recom­man­dons à la lec­ture de la colo­nie ita­lienne et a ceux des com­pa­gnons fran­çais connais­sant la langue romane, deux petites bro­chures publiées par l’Huma­ni­tas, l’une ayant pour titre : Vit­time e pre­giu­di­zi et l’autre : Pet XXIII anni­ver­sa­rio del­la fon­da­ziome dell’ asso­cia­zione inter­na­tio­nale del’ Avo­ra­to­ri.

(Sous Presse) La Révolte juridique. Moyen de combattre les magistrats avec leurs propres armes.

Cette bro­chure, d’en­vi­ron 50 pages, ren­dra cer­tai­ne­ment les plus grands ser­vices à tout le monde et sur­tout aux révo­lu­tion­naires, expo­sés chaque jour à se débattre contre la canaille­rie des magistrats.

Les titres des cha­pitres don­ne­ront une idée suf­fi­sante de ce tra­vail, fait conscien­cieu­se­ment par un de nos collaborateurs :

De la liber­té indi­vi­duelle selon la loi ― Vio­la­tion de cette loi natu­relle ― Résis­tance légale ― Résis­tance à l”instruction ― Les tri­bu­naux cor­rec­tion­nels ― Encom­bre­ment légal ― Mise à sec du Tré­sor ― Résis­tance aux tri­bu­naux cor­rec­tion­nels et de simple police pour des peines peu impor­tantes ― Articles du code n’en­traî­nant que six mois de pri­son ― liber­té pro­vi­soire ― Dom­mages-inté­rêts ― Conclu­sions pré­ju­di­cielles ― Pro­pa­gande par la cour d’as­sises ― Modèles de requêtes, d’op­po­si­tions et de conclusions.

Col­line.


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