La Presse Anarchiste

Alors ! !

Les jour­naux nous don­nent de copieux ren­seigne­ments sur la man­i­fes­ta­tion en faveur du suf­frage uni­versel organ­isée à Berlin par les socialistes.

De nom­breuses réu­nions eurent lieu à l’is­sue desquelles les assis­tants se for­mèrent en colonne pour aller dans la rue pouss­er le cri de : « … Don­nez-nous le droit de vote ».

Sans nous arrêter à l’ob­jet de la man­i­fes­ta­tion, con­sta­tons que les social­istes ont appelé dans les rues des ouvri­ers pour la récla­ma­tion d’un droit et que cer­tains par­mi eux ont récolté des coups.

Le sang a été ver­sé comme en notre royale république. Les social­istes alle­mands ont agi comme agis­sent, lorsque les néces­sités l’ex­i­gent, les syn­di­cal­istes de France.

Cepen­dant ces derniers sont traités de vio­lents fous, d’én­er­gumènes, de dévi­a­teurs, d’a­n­ar­chistes par nos social-démoc­rates d’Alle­magne et de France. La rai­son serait intéres­sante à con­naître ; car, ou nous sommes ce que l’on pré­tend et dans ce cas pourquoi recourir aux modes d’ac­tion car­ac­téris­tiques de notre mou­ve­ment ? Où ces modes ont leur valeur et leur effi­cac­ité et dans ce cas pourquoi les anathèmes ?

Et non seule­ment les formes de lutte sont iden­tiques en l’e­spèce, mais encore le lan­gage tenu par les chefs social-démoc­rates est d’une allure sem­blable à celui employé par nous.

Qu’on en juge !

Le Wor­waerts, dans un arti­cle inti­t­ulé : Dans la rue, écrit :

« Le hon­teux refus opposé par le gou­verne­ment aux reven­di­ca­tions du peu­ple récla­mant le suf­frage uni­versel a reçu une pre­mière réponse dans cette tumultueuse protes­ta­tion. C’est le signe avant-coureur de l’or­age qui va éclater.

« Le cri de : « Don­nez-nous le droit de vote », qui sor­tit hier de mil­lions de poitrines, va se propager encore et comme un oura­gan bal­aiera le vieux sys­tème actuel, qui ne s’ap­puie que sur des sabres et des baïonnettes.

« Sur cer­tains points de Berlin, place du Nou­veau-Marché par exem­ple, 20 à 30.000 man­i­fes­tants se sont ren­con­trés. Le pro­lé­tari­at a con­quis la rue. Il s’est emparé du droit dont se pré­valait la bour­geoisie à l’ex­clu­sion des ouvri­ers. Ce droit ne nous sera plus enlevé.

« Que les priv­ilégiés et les vils bour­geois s’indig­nent s’ils le veu­lent . Le peu­ple voulait impos­er son droit et sa volon­té. Il l’a fait. »

Voilà qui n’est pas mal ! On en con­vien­dra. Ça sent l’Action Directe.