La Presse Anarchiste

Aux camarades

Il y a sept ans, une insuf­fi­sante pré­pa­ra­tion de l’es­prit révo­lu­tion­naire mena­çait de faci­li­ter le tra­vail de décom­po­si­tion ouvrière, qu’al­lait ten­ter du dehors la démo­cra­tie gou­ver­ne­men­tale avec l’ap­pui de nom­breux mili­tants séduits ou subjugués.

Ten­ta­tive dan­ge­reuse, car elle se pro­dui­sait à un moment cri­tique de crois­sance et de développement.

Il fal­lait réagir ! À cet effet, se ren­con­trèrent des mili­tants venus de divers milieux pour conti­nuer dans le sens d’une plus com­plète auto­no­mie la besogne tra­cée par le Congrès de Limoges dans l’ar­ticle consti­tu­tif de la Confé­dé­ra­tion Géné­rale du Travail.

De cette ren­contre de mili­tants ouvriers, de leur lutte en com­mun est sor­ti le syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire qui signi­fie : mou­ve­ment auto­nome de la classe ouvrière exer­çant dans ses Syn­di­cats par son action directe la lutte contre toutes les forces d’ex­ploi­ta­tion et d’op­pres­sion qui pèsent sur elle.

Des années ont pas­sé accu­sant une crois­sance nou­velle du mou­ve­ment syn­di­cal. D’où l’in­quié­tude qui s’est révé­lée au prin­temps de 1906 par­mi la bour­geoi­sie. À cette inquié­tude a fait place un cou­rant de réac­tion dont les effets sont de tous les jours.

En même temps – coïn­ci­dence bizarre – s’est mani­fes­té dans le Par­ti socia­liste un cou­rant en vue d’in­tro­duire dans les Syn­di­cats l’œuvre de décom­po­si­tion poli­ti­cienne fai­sant suite à la ten­ta­tive s’il y a sept ans.

Il y a sept ans, le Pou­voir vou­lait rame­ner l’ac­tion syn­di­cale dans le cadre de la démo­cra­tie dont la loi est l’ex­pres­sion ; aujourd’­hui une frac­tion du Par­ti vou­drait la rame­ner dans la limite de la légalité.

Sous des mobiles dif­fé­rents l’œuvre pour­sui­vie est iden­tique, les consé­quences sont les mêmes.

Ain­si le syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire se trouve pla­cé une fois de plus en pré­sence de manœuvres contraires à son action et à son extension.

Il lui faut réagir à nou­veau, il lui faut lut­ter pour mieux résis­ter. Ce sera le rôle du jour­nal l’Action Directe.

Fon­dé par des cama­rades unis par les liens que crée le syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire, cet organe aura pour tâche de répandre les concep­tions sociales qu’il repré­sente et d’ex­po­ser les formes d’ac­tion dont il découle.

Il sera aus­si l’af­fir­ma­tion renou­ve­lée de l’ac­cord qui s’est main­te­nu entre les mili­tants du syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire, accord qui s’est consti­tué, qui dure encore pour la sau­ve­garde de l’au­to­no­mie et de l’in­dé­pen­dance du mou­ve­ment syndical.

Cha­cun d’eux, en vue de cette sau­ve­garde, agi­ra dans la sphère qui lui est propre, n’ayant pour limite à son acti­vi­té que les condi­tions de son milieu : anar­chiste, il sera mû par le sou­ci de tra­vailler à une plus grande exten­sion des sen­ti­ments auto­nomes et fédé­ra­listes de la classe ouvrière ; socia­liste, il déjoue­ra les manœuvres ayant pour but d’a­moin­drir le mou­ve­ment syn­di­cal, il fera pré­va­loir en face des dogmes décré­pis et des for­mules d’im­mo­bi­li­sa­tion et d’i­nac­tion les modes d’ac­ti­vi­té, source de vie et de pro­grès ; il lut­te­ra contre toute mesure ayant pour but d’in­tro­duire la règle du Par­ti dans la pra­tique syn­di­cale ; syn­di­ca­liste, il beso­gne­ra pour que se conti­nue l’œuvre révo­lu­tion­naire de la classe ouvrière ; il affir­me­ra le droit pri­mor­dial de pour­suivre sans autre subor­di­na­tion que la seule volon­té des tra­vailleurs, l’é­man­ci­pa­tion du pro­lé­ta­riat ; il conti­nue­ra à mettre en évi­dence les formes de lutte sug­gé­rées par son « Action directe ».

Et tous ensemble, ils œuvre­ront pour déve­lop­per dans le cer­veau des tra­vailleurs l’es­prit d’i­ni­tia­tive devant se sub­sti­tuer à la croyance en l’État.

Donc, dans ce jour­nal et en dehors de lui, chaque signa­taire, par des efforts conver­gents tra­vaille­ra pour assu­rer à l’ac­tion et à l’or­ga­ni­sa­tion, syn­di­ca­listes, un plus grand développement.

Beau­bois, Bou­lay, Bour­reau, Bru­ckère, Cor­né­lis­sen, Dele­salle, Dor­moy, Des­planques, Drey­fus, Dret, Dunois, Gar­ne­ry, Grif­fuelhes, Krit­chews­ky, Lafont, Lafon­taine, Lagar­delle, Le Bla­vec, Le Guer­ry, Lou­zon, Luquet, Marie, Mer­rheim, Monatte, Mon­ne­ret, Mori­zet, Oli­vier, Pier­rot, Pou­get, Renau­din, Roche, Victor

Ader (Aube) ; J. Bor­net (Cher) ; Béci­rard (Lyon) ; P. Combes (Aubin) ; Cazes (Tou­louse) ; Cré­bas­sa (Cette) ; Chas­trette (Romil­ly) ; Ch. Dezant (Aniche) ; Dai­de­ri (Roanne) ; Dumou­lin (Lens) ; Escu­dier (Pyré­nées orien­tales) ; Eve­rhard (Troyes) ; Fou­gère (Limoges) ; Faure (Avi­gnon) ; Hévin (Amiens) ; Klemc­zyns­ki (Oise) ; Lan­neau (Rou­baix) ; Le Gall (Brest) ; V. Mazars (Deca­ze­ville) ; L. Ménard (Tré­la­zé) ; L. Moret (Nice) ; Ran­ty (Reims) ; Rous­set-Gal­hau­ban (Fir­mi­ny) ; Taf­fet (Char­le­ville) ; Thi­baut (Cher) ; Vignaud (La Palice) ; L. Vignois (Rennes) ; Vil­laert (Dun­kerque) ; Voi­rin (Nan­cy)


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