La Presse Anarchiste

La grève légalitaire

Une des super­sti­tions les plus vaines et celle de la grève « légalitaire ».

Jadis la simple sus­pen­sion de tra­vail, la « guerre des bras croi­sés » pou­vait effrayer les patrons, mais, depuis quelques années les capi­ta­listes ont fait leur éducation.

Ils ont des caisses de grève, ils ont des assu­rances, ils ont des contrats entre eux. Les patrons métal­lur­gistes de France ont mis des mil­lions de côté en vue d’une grève ; dans l’in­dus­trie de la bon­ne­te­rie, à Troyes par exemple, les patrons sont concur­rents devant le client, mais soli­daires devant l’ouvrier.

Esto­mac vide contre coffre-fort plein, la lutte est inégale. Le patron touche son assu­rance contre le chô­mage ; ses confrères l’aident à exé­cu­ter ses commandes.

Quant aux grosses caisses syn­di­cales, lais­sez-moi rire. Les trades-unions anglaises, les plus riches du monde, annon­çaient, en 1904, une encaisse de 102 fr.30 par tête de syn­di­qué. Que peut se pauvre billet de cent francs contre les mil­lions patro­naux ? La grande grève des méca­ni­ciens anglais, en 1897, l’a bien prou­vé : on a dépen­sé 24 mil­lions de secours et l’on a été battu.

D’ailleurs les patrons ont un moyen bien simple de vider une caisse syn­di­cale, c’est le lock-out. Il a fait mer­veille contre les Syn­di­cats allemands.

Une grève est un coup de main, une gué­rilla. Elle réus­sit par surprise.

La vio­lence ? mais l’ar­mée inter­vient – L’an­ti­mi­li­ta­risme inter­vient aussi.

C’est ain­si que l’ac­tion directe et l’an­ti­mi­li­ta­risme sont les abou­tis­se­ments néces­saires de toute action syn­di­cale qui veut res­ter logique.

A. Bru­ckère


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