La Presse Anarchiste

Mouvement international

Angle­terre

Les mineurs écos­sais ont tenu, dans la semaine de Noël, leur 14e assem­blée annuelle à Glas­gow. Voi­ci quelques extraits inté­res­sants du dis­cours pro­non­cé par le pré­sident Robert Smil­lie : Après avoir mis en relief l’ac­crois­se­ment de l’U­nion qui repré­sente actuel­le­ment 80.000 ouvriers mineurs contre 50.000 l’an pas­sé, le pré­sident a été d’a­vis que les mineurs, par leurs efforts inter­na­tio­naux, pour­raient faire davan­tage en faveur de la paix inter­na­tio­nale que tous les poli­ti­ciens ensemble. C’est là une idée qui se répand de plus en plus dans les milieux mineurs inter­na­tio­naux. D’a­près Smil­lie, 2 livres ster­ling (50 fr.) par semaine sont la somme mini­ma qui per­mettent à une famille de mineur de vivre, et jamais selon lui, les salaires des mineurs ne retom­be­ront aux bas niveaux d’au­tre­fois. Smil­lie fit ensuite un appel cha­leu­reux en faveur des sans-tra­vail et des enfants qui crèvent de faim. Enfin, fait à remar­quer en ses temps de veu­le­rie chez les « lea­ders » qui s’in­ti­tulent « socia­listes », Smil­lie n’a pas craint d’af­fir­mer – et ceci aux applau­dis­se­ments des mineurs écos­sais, qui sont de ten­dance assez conser­va­trice – « le vrai salut des peuples consiste en ce que les tra­vailleurs s’as­surent la pos­ses­sion en com­mun de la terre et des richesses, puisque ceux qui les détiennent seront tou­jours hos­tiles aux inté­rêts des travailleurs. »

Hol­lande

Un bon exemple de tac­tique réfor­miste est four­ni actuel­le­ment par les dia­man­taires d’Am­ster­dam. L’u­nion des ouvriers dia­man­taires qui consti­tue le noyau même du mou­ve­ment syn­di­cal réfor­miste hol­lan­dais, a en caisse « plus d’un mil­lion de flo­rins ». Or, des mil­liers de dia­man­taires, se trou­vant sans tra­vail par suite de la crise indus­trielle, ont fait appel à la caisse de l’U­nion. Mais les hauts digni­taires de l’U­nion ont, jus­qu’à pré­sent, su défendre cette caisse ; ils ont déni­ché dans les sta­tuts de quoi empê­cher l’emploi des fonds de la caisse de résis­tance aux cas de chô­mage. Et, assis sur leurs coffres-forts, ils résistent avec achar­ne­ment à toutes les récla­ma­tions. Le plus qu’ils ont fait c’est de pro­mettre la convo­ca­tion d’une assem­blée géné­rale de l’U­nion pour la dis­cus­sion de la grosse ques­tion de l’assis­tance aux sans-tra­vail sur les fonds de la caisse de résis­tance. Jus­qu’i­ci ils ont réus­si à ajour­ner cette assem­blée géné­rale de semaine en semaine.

Ita­lie

Nou­velle et belle vic­toire du mou­ve­ment syn­di­ca­liste. C’est en ces termes que l’«Internazionale » de Bologne (N° du 28 décembre) annonce les résul­tats du Congrès pro­vin­cial tenu les dimanche 22 et lun­di 23 décembre par les orga­ni­sa­tions ouvrières de Fer­rare. Par 187 délé­gués, repré­sen­tant 30.587 ouvriers, contre 18 délé­gués repré­sen­tant 2.831 ouvriers, le Congrès s’est pro­non­cé pour la tac­tique du Comi­té de la Résis­tance de Bologne. L’«Internazionale » estime que ce résul­tat sera une leçon sévère de plus pour les « dif­fa­ma­teurs » du mou­ve­ment syn­di­ca­liste révo­lu­tion­naire italien.

Alle­magne

Lutte des ouvriers du tex­tile dans la pro­vince rhé­nane. – La tac­tique réfor­miste des grands Syn­di­cats a pous­sé les entre­pre­neurs alle­mands à répondre doré­na­vant par un lock-out géné­ral à toute reven­di­ca­tion ouvrière visant une aug­men­ta­tion des salaires, cette reven­di­ca­tion n’eut-elle été for­mu­lée que par un nombre d’ou­vriers très res­treint. Sachant que pour les fonc­tion­naires ouvriers, la lutte consiste à rem­plir avant tout les caisses syn­di­cales, les patrons réus­sissent faci­le­ment, par le lock-out, à vider ces caisses et à vaincre les travailleurs.

Ce pro­cé­dé vient d’être appli­qué de nou­veau, cette fois dans l’in­dus­trie tex­tile, à Cré­feld et envi­rons. On estime que 30.000 ouvriers se trouvent, en plein hiver, jetés sur le pavé, bien que seule­ment dans 4 fabriques de Cré­feld, les ouvriers occu­pés au tis­sage des étoffes de cra­vates aient deman­dé une aug­men­ta­tion de salaire de 10%, aug­men­ta­tion qu’ils exi­geaient en vain depuis dix ans.

Typique est l’at­ti­tude des grands Syn­di­cats, les mêmes qui se réjouissent de la faveur du Par­ti socia­liste démo­crate. De même que dans les grandes grèves des mineurs de West­pha­lie, il y a quelques années tous les fonc­tion­naires syn­di­caux social­dé­mo­crates, chré­tiens, etc., avaient fait cause com­mune, de même aujourd’­hui, les fonc­tion­naires de l’U­nion cen­trale du Tex­tile ont fait cause com­mune avec ceux de l’U­nion du Tex­tile chré­tienne et ceux de l’or­ga­ni­sa­tion Hirsch-Dun­cke­rienne (conser­va­trice). Sans écou­ter les ouvriers du tex­tile inté­res­sés, ils ont vou­lu ordon­ner aux gré­vistes de reprendre le tra­vail le lun­di 23 décembre en mena­çant les récal­ci­trants de ne pas les sou­te­nir pécu­niai­re­ment. Sur quoi les tis­se­rands de Cré­feld et envi­rons, appre­nant, dans une grande réunion, la déci­sion de leurs chefs, ont accu­sé de « tra­hi­son » les vingt fonc­tion­naires coa­li­sés qui diri­geaient la réunion. Seul, le repré­sen­tant de l’U­nion des Tis­se­rands affi­liés à la Freie Verei­ni­gung s’est ran­gé du côté des ouvriers : il a décla­ré que les membres de son orga­ni­sa­tion avaient à déci­der eux-mêmes de leur atti­tude, tan­dis que ceux des trois autres orga­ni­sa­tions dépendent tou­jours de la volon­té de leurs fonc­tion­naires. Dans l’a­près-midi de la même jour­née (21 décembre), les ouvriers des quatre fabriques en grève, après avoir déci­dé de n’ad­mettre dans leur assem­blée aucun fonc­tion­naire des Unions, ont voté la conti­nua­tion de la grève, ce qui pro­vo­qua le lock-out patronal.

Au der­nier moment, nous appre­nons par la Einig­keit, de Ber­lin, qu’en rai­son des agis­se­ments des grandes Unions syn­di­cales chré­tiennes et Hirsch-Dun­cke­riennes et de l’U­nion du Tex­tile diri­gée par les social-démo­crates (Deutsche Tex­ti­lar­bei­ter Ver­band), la grève et le lock-out de Cré­feld ont pris fin par un échec com­plet des ouvriers, ceux-ci n’é­tant pas sou­te­nus pécuniairement.

Autriche

La résis­tance pas­sive est une forme d’ac­tion dis­tincte qui, à plu­sieurs reprises, a été mise en pra­tique par les employés de l’État en Autriche. Elle consiste, comme on le sait, dans l’ap­pli­ca­tion stricte des règle­ments de ser­vice. On se rap­pelle le mou­ve­ment des tra­vailleurs des che­mins de fer autri­chiens et les bons effets sur le gou­ver­ne­ment de leur atti­tude. Ces temps der­niers, la R.P. avait été pra­ti­quée long­temps dans le ser­vice des postes autri­chien, d’où un désordre énorme dans l’ex­pé­di­tion et la dis­tri­bu­tion des lettres, impri­més et colis pos­taux. Le gou­ver­ne­ment a capi­tu­lé devant la ferme volon­té des employés, dont les reven­di­ca­tions ont été écoutées.


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