En tant qu’anarchistes, nous contestons cette société, globalement. Nous voulons que ses structures autoritaires disparaissent pour laisser la place à des structures souples, fédéralistes, libertaires où les individus puissent prendre en main la conduite de leur vie.
En cela, nous sommes révolutionnaires…
Nous ne nous contentons pas de réformes, d’aménagements, de compromis, de replâtrages… nous voulons tout changer, et les mentalités, et les comportements, et les bases même de cette société.
Nous voulons supprimer l’exploitation de l’homme par l’homme, de l’homme par le milieu, de l’homme par l’État, de l’homme par la machine. Nous voulons supprimer l’autorité et la violence, les forces coercitives, l’armée et les polices.
Nous voulons désaliéner l’homme, le débarrasser de toutes ces forces obscurantistes qui étouffent sa conscience : militarisme, nationalisme, cléricalisme, racisme, morales sexuelle et familiale, technocratie et hiérarchie…
Nous voulons que l’homme s’épanouisse dans un monde à sa mesure.
En cela, nous sommes révolutionnaires…
Mais, nous ne croyons plus au « grand soir », nous ne croyons plus aux fusils ni aux barricades. La violence appelle la violence et le cycle se boucle, le serpent se mord la queue… Nous avons cherché d’autres armes, d’autres méthodes ; nous avons choisi la non-violence parce que seule apte à atteindre le but, parce que non autoritaire.
Mais nous sommes anarchistes et révolutionnaires…
Nous ne substituons pas la non-violence à l’anarchisme. Notre éthique, c’est l’anarchisme. La non-violence n’est qu’une méthode, un moyen d’action, de lutte, de pression. Nous ne la sublimons pas, nous n’en faisons pas une panacée.
Avant tout, nous sommes anarchistes…
Nous n’avons pas de scrupules envers cette société pourrie, ces politiciens, ces traîneurs de sabre. Nous n’en sommes pas responsables. Nous les combattons. Nous ne voulons pas entrer dans le système, le cautionner, le perpétuer ; nous ne sommes ni participationnistes ni réformistes.
Nous sommes révolutionnaires…
II n’y a pas à dialoguer avec les forces d’oppression, à tergiverser avec les injustices, il faut les supprimer, totalement, irrémédiablement.
Et si, par notre lutte, nous obtenons des améliorations des conditions de vie, la cessation d’une oppression, la fin d’une injustice, l’amendement d’une loi par trop scélérate, nous n’en devenons pas pour autant réformistes ; nous ne proposons pas, nous ne participons pas aux aménagements… nous continuons à lutter pour notre but final ; nous continuons à élever notre voix dans le désert ; nous sommes des destructeurs permanents, des révoltés de tous les instants, notre négation est constructive.
En cela, nous sommes révolutionnaires…
Nous ne sommes pas spiritualistes ; nous n’avons rien à racheter, à compenser ; ni l’Amour ni la Vérité ne nous guident ; notre solidarité est volontaire… nous ne voulons pas d’un service civil obligatoire.
Nous n’avons pas de patrie, nous sommes anationaux : nous n’avons pas besoin d’une défense nationale, même non violente.
Assez de bla-bla, de jésuitisme, de demi-mesure, de faux-semblant, il faut balayer une fois pour toutes ce grand champ d’immondices qu’est notre monde actuel, afin que puisse naître une société libre où les rapports interhumains seront basés sur la responsabilité, la liberté et nécessairement sur la non-violence,
une société révolutionnée !
Michel Tepernowski