La Presse Anarchiste

la non-violence en Afrique du Sud

Nous vous pré­sen­tons main­te­nant un docu­ment extrait du pério­dique « Azione non­vio­len­ta » (juillet-août.-sept. 1964) tra­duit de l’italien par Georges Massieye.

Sur l’initiative de l’Institut de phi­lo­so­phie de l’Université de Flo­rence, s’est dérou­lé, en juillet der­nier, un congrès trai­tant de l’Afrique dans le monde de demain. Il y a été aus­si dis­cu­té de la crise de la méthode non vio­lente uti­li­sée par Luthu­li, chef des Zou­lous et prix Nobel de la paix, et par ses amis dans leur lutte pour l’égalité raciale. Devant la dure­té du gou­ver­ne­ment sud-afri­cain, on a assis­té à un affai­blis­se­ment de la confiance dans la pra­tique de la non-vio­lence. « L’Astrolabe » dans son numé­ro du 25 juillet en a aus­si par­lé. Il serait utile pour nous de voir, même sché­ma­ti­que­ment, les élé­ments du problème.

Incon­vé­nients de la violence :

  1.   Il n’y a pas de suc­cès immé­diat assuré.
  2. La vio­lence four­nit des pré­textes à des répres­sions plus sauvages.
  3. Elle aliène la sym­pa­thie de l’opinion mondiale.
  4. Il y a davan­tage de victimes.
  5. Même si la lutte vio­lente a du suc­cès, elle tend à concen­trer le pou­voir lais­sant la popu­la­tion sans aucun moyen de résis­tance face à une future tyrannie.

Lacune de la cam­pagne non vio­lente jusqu’à ce jour :

  1. Cou­rage insuf­fi­sant, aucune com­pré­hen­sion, pas d’initiatives.
  2. La cam­pagne a été spo­ra­dique, entre­cou­pée de longues périodes inactives.
  3. Mal­ha­bi­le­té et mau­vaise volon­té dans les sacri­fices à offrir pour la non-coopé­ra­tion (qui pour­rait ame­ner la chute du gou­ver­ne­ment, si elle était élar­gie et résolue).
  4. Accep­ta­tion de l’exil de la part de Luthu­li et d’autres chefs, plu­tôt que d’affronter de dures peines de prison.
  5. Dépen­dance exces­sive de l’intervention étrangère.

Repen­ser une nou­velle stra­té­gie incluant :

  1.  Com­ment se pro­cu­rer la par­ti­ci­pa­tion maxi­mum des non-Blancs ?
  2. Se pro­cu­rer un appui plus ouvert de la part des Blancs.
  3. Sti­mu­ler l’assistance étran­gère la plus étendue.
  4. Que les sta­tions radio situées près de l’Afrique du Sud com­mu­niquent les nou­velles, les plans de résis­tance, etc.
  5. Que les jour­naux fassent de même.
  6. Qu’il y ait une publi­ci­té mon­diale et des cam­pagnes d’éducation.
  7. Que les moyens de boy­cot­tage soient plus efficaces.
  8. Qu’il advienne la rup­ture des rela­tions diplo­ma­tiques et cultu­relles des autres États avec le gou­ver­ne­ment de l’Afrique du Sud.
  9. Que soit inter­rom­pue la livrai­son des armes.
  10. Que tout capi­tal soit reti­ré des banques.

Les faits de l’Afrique du Sud nous montrent donc qu’il est néces­saire de déve­lop­per le tra­vail pour la méthode non vio­lente beau­coup plus acti­ve­ment dans ces directions :

  • a) Recherche théo­rique au moyen des publi­ca­tions et des réunions.
  • b) Dif­fu­sion mon­diale d’opuscules sur les tech­niques de la non-violence.
  • c) Entraî­ne­ment tenace de groupes de volon­taires dans l’action directe non violente.
  • d) Conso­li­da­tion d’une Inter­na­tio­nale non vio­lente pour des inter­ven­tions rapides de sou­tien là où on lutte avec la méthode non violente.

Aldo Capi­ti­ni


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