La Presse Anarchiste

Dossier Cuba, Annexe III

La répres­sion qui a frap­pé le mou­ve­ment liber­taire cubain, comme toute oppo­si­tion à Cas­tro, lorsque le nou­veau régime s’est affer­mi, est sem­blable dans ses grandes lignes à celles qui ont déci­mé les anar­chistes russes après 1917, ou est-euro­péens après 1945. Nous n’a­vons ni la place, ni le maté­riel pour en faire une étude appro­fon­die, aus­si nous conten­te­rons-nous de citer quelques exemples qui se passent de commentaires.

Ven­tu­ra Sua­rez, vieux mili­tant liber­taire, et Augus­to San­chez (17 ans): fusillés avec 62 autres cama­rades (infor­ma­tion parue dans La révo­lu­tion pro­lé­ta­rienne en juin 1963).

San­da­lio Torres : pay­san d’o­ri­gine, ouvrier du bâti­ment, avait lut­té contre Batis­ta et s’é­tait déso­li­da­ri­sé de la révo­lu­tion lors­qu’elle prit un carac­tère com­mu­niste tota­li­taire. Ayant expri­mé ses opi­nions sur son lieu de tra­vail, il est arrê­té en 1962 et empri­son­né. Sou­mis quatre fois de suite à une exé­cu­tion simu­lée pour qu’il recon­naisse mili­ter dans des mou­ve­ments contre-révo­lu­tion­naires et qu’il dénonce ses cama­rades — en vain. Il est condam­né alors à 30 ans de prison.

Aquiles Igle­sias : per­sé­cu­té pour ses acti­vi­tés révo­lu­tion­naires sous la dic­ta­ture de Batis­ta, il s’exi­la au Mexique, où il fut arrê­té pour avoir par­ti­ci­pé à l’or­ga­ni­sa­tion de plu­sieurs expé­di­tions vers Cuba. Ingé­nieur agro­nome, il devint fonc­tion­naire au minis­tère de l’A­gri­cul­ture du gou­ver­ne­ment révo­lu­tion­naire. Très vite, il expri­ma son désac­cord avec les méthodes tota­li­taires adop­tées et la péné­tra­tion com­mu­niste, ce qui lui valut d’être arrê­té et condam­né aux tra­vaux forcés.

José Ace­na : vieux mili­tant liber­taire, il s’op­po­sa fer­me­ment à la dic­ta­ture de Batis­ta et fut un cadre actif du « Mou­ve­ment du 26 juillet », ce qui lui valut arres­ta­tions et tor­tures. Il par­ti­ci­pa acti­ve­ment, notam­ment au niveau syn­di­cal, au nou­veau régime. Lors de son virage tota­li­taire et com­mu­niste, il rompt avec le « M.26.7 » et fait part per­son­nel­le­ment de son désac­cord à Cas­tro. Après une période de sur­veillance par la police poli­tique, il est arrê­té et empri­son­né fin 1962.

Luis Miguel Lin­suain : actif très tôt dans le mou­ve­ment liber­taire, il rejoint dans la mon­tagne les gué­rille­ros anti-Batis­ta. À la vic­toire de la révo­lu­tion, il avait le grade de lieu­te­nant. Ses convic­tions anar­chistes l’op­po­sèrent très vite aux élé­ments mar­xistes. Ses posi­tions anti­com­mu­nistes et anti-dic­ta­to­riales le firent licen­cier de l’ar­mée rebelle. Deve­nu secré­taire de la Fédé­ra­tion de l’Hô­tel­le­rie de la pro­vince d’O­riente, il est empri­son­né et condam­né à 7 ans de pri­son au début des années soixante au moment de la purge et de la reprise en main des syn­di­cats par le nou­veau régime. Accu­sé ensuite d’a­voir pré­pa­ré un atten­tat contre le frère de Fidel Cas­tro, il est condam­né à 30 ans de pri­son. Les condi­tions de déten­tion rui­nèrent sa san­té. Libé­ré en 1980 et expul­sé vers la Flo­ride au moment de l’af­faire de l’am­bas­sade du Pérou dont Cas­tro pro­fi­ta pour vider ses pri­sons, il est mort en novembre de la même année, peu après son arri­vée à Miami.


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