Un an après les massacres de Pékin, nous choisissions de consacrer une livraison spéciale de notre revue, la livraison précédente, au mouvement de la place Tian’anmen. Nous avions, pour l’occasion, confié l’intégralité de nos colonnes à une rédaction extérieure, une équipe de spécialistes des affaires chinoises. Souhaitant prolonger ce travail, nous avons fait appel une nouvelle fois à un sinologue, Guilhem Fabre, et nous lui avons demandé de revenir sur l’événement et de l’interpréter, et aussi de nous éclairer sur la situation actuelle en Chine.
Pour compléter son analyse, nous publions en même temps un texte critiquant les écrits d’Alain Peyrefitte sur la Chine. On s’étonnera peut-être de notre intérêt soudain pour l’œuvre de l’éditorialiste du Figaro. Mais après tout cet académicien n’est-il pas aujourd’hui, le seul sinologue, stricto sensu, que nous ayons en France ? Son propos s’étend à toutes les périodes de l’Empire du milieu et il embrasse tous les domaines de la sinologie. Regardez-le à la télévision, écoutez-le à la radio, lisez ses livres ou ses articles : c’est avec une égale autorité que notre Normalien disserte sur l’acuponcture, la culture du soja, l’expédition Macartney ou bien le mouvement démocratique. À côté de lui, les historiens de l’École des Annales font figure de conjoncturistes, et Hegel passerait pour un auteur de monographies. Par-delà les polémiques provoquées par la publication de son dernier ouvrage, nous avons voulu discuter plus généralement ses méthodes historiques, des méthodes que curieusement personne ne se donne la peine de contester publiquement. Qu’on se garde d’en déduire, toutefois, qu’Iztok est le dernier endroit où l’on prend Peyrefitte au sérieux.
On trouvera aussi, dans les pages qui suivent, une liste des livres sortis à l’issue du « Printemps de Pékin » (en différentes langues : française, chinoise, anglaise ou allemande). Il ne s’agit pas d’une bibliographie exhaustive : nous ne signalons que les ouvrages qui nous sont passés entre les mains. Nous n’avons pas cru bon, non plus, d’assortir notre recensement de critiques ou de commentaires et nous le livrons tel quel. Ce qui ne suppose de notre part aucune approbation, ni — on s’en doute — au livre d’Alain Peyrefitte, ni — par exemple — à la délirante relation du « sinologue averti » de Melun, M. Éric Meyer.
Iztok