On sait combien fières sont les autorités soviétistes sur le rôle des Comités d’usines dans la reconstruction économique du pays. On sait aussi à quel degré ces comités sont assujettis aux ordres du Parti Communiste tout puissant par l’intermédiaire des cellules communistes de chaque usine. Le syndicat, de même que le comité d’usine, devenaient donc de simples instruments aux mains du gouvernement qui s’occupait de la reconstruction économique du pays à sa manière qui n’était pas toujours — oh non, pas toujours — la manière des ouvriers. Il advint que les ouvriers se désintéressèrent complètement de leur usine et du comité qui devait être le « maître » de l’usine… comme on voulait le faire croire au prolétariat russe. Et comme Lincoln le disait en son temps « On ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. »
Comme preuve, voici ce que nous raconte l’organe central de la C.G.T. russe « Troud » en date du 9 Juin1Nous extrayons ce passage du n°16 de La Russie Opprimée :
« Si l’on examine les réélections qui ont eu lieu en juin de cette année aux comités d’usine, on constate d’abord la faible participation des ouvriers. Plus faible qu’elle ne fut jamais. Il est visible qu’ils ont perdu tout intérêt à l’égard des élections, et qu’ils n’ont plus peur du pouvoir communiste.
« Dans de nombreuses usines, par exemple dans le gouvernement de Vladimir, on constate que presque personne n’est allé voter. À la fabrique dite du « Premier Mai », il n’y a eu que 37 votants sur 630 ouvriers, alors que 250 d’entre eux sont membres du parti communiste. À la fabrique « Organisovanny Troud » (Le Travail organisé), 74 ouvriers sur 1.600 ont voté, mais la réunion électorale a été désertée. À l’usine « Rosa Luxembourg », 760 sur 1.700 se sont rendus au local du vote, mais au moment de voter il n’y en avait plus que 180. À l’usine d’État Kovrovski qui emploie 1.000 ouvriers, le comité n’a été réélu que par 80 ouvriers. »
Ces chiffres sont éloquents. Ils sont la protestation muette et consciente contre les méthodes dictatoriales que le prolétariat russe a à subir aux mains des politiciens et de la Tchéka qui, sous la forme de cellules, pénètre jusque dans la vie privée de chaque individu.
- 1Nous extrayons ce passage du n°16 de La Russie Opprimée