Le Mouvement autonome entre dans une phase nouvelle. Les nécessités l’y obligent, les faits l’y contraignent.
Quelle que soit, en effet, la force de l’idée d’Unité en France, il apparaît, aujourd’hui, que cette unité est devenue. irréalisable. Les deux congrès confédéraux d’août 1925 ont démontré que ni l’une ni l’autre des deux C.G.T. ne voulaient l’Unité autrement qu’en paroles. La Conférence interconfédérale qui suivit confirma ce point de vue. Les décisions qu’elle prit ne furent jamais appliquées. Les deux C.G.T. Les violèrent à qui mieux mieux.. Enfin, l’appel à l’Unité d’action que l’U.F.S.A. adressa aux deux C.G.T. les 15 décembre 1925 et 14 janvier 1926, en raison de la crise de régime — qui continue — ne trouva nul écho.
C’est donc la preuve répétée que l’Unité organique et l’Unité d’action sont impossible. Cette constatation peut plaire ou déplaire. Ce n’est pas la question. C’est un fait et seuls par dessus les désirs, si louables, si sincères soient-ils, les faits comptent. Nier ceux-ci, c’est nier l’évidence.
Mais cette constatation, pour douloureuse qu’elle soit — et elle l’est — porte en elle une conséquence. Devant la scission définitivement consacrée par les deux C.G.T. qui refusent de s’entendre, devons-nous plus longtemps poursuivre la réalisation d’un rêve devenu chimérique ? L’U.F.S.A. Répond : non.
Et elle ajoute, par la voix de son Comité national, qui s’est tenu à Paris le 27 juin : En face de l’unité solidement réalisée des deux autres tendances du syndicalisme, les syndicalistes révolutionnaires et fédéralistes doivent réaliser leur propre unité, en réunissant, dans un même organisme, toutes leurs forces.
À eux qui leur diront qu’ils consacrent la scission ils répondront : C’est vous qui l’avez fait et depuis longtemps. Notre acte défensif est la conséquence de la destruction de l’unité par vos mains. Tolérer que, comme vous, nous nous organisions pour atteindre nos buts, pour réaliser pleinement le syndicalisme révolutionnaire comme vous voulez réaliser le communisme autoritaire ou la démocratie.
Nos camarades de la Fédération du Bâtiment viennent de le comprendre et leur Comité National — dont on trouvera plus loin les déclarations — a déclaré le 18 juillet que l’autonomie provisoire n’ayant pas atteint son but : forcer les deux C.G.T. à l’unité, il devenait urgent de consulter les syndicats fédérés sur la nécessité de grouper toutes les forces autonomes dans un organisme national et d’assurer leur liaison internationale.
Tout le problème est ainsi posé. Et nous ne doutons qu’après l’U.F.S.A. et la Fédération du Bâtiment, nos amis des régions lyonnaise, limousine et hâvraise ne reconnaissent, eux aussi, l’inéluctable nécessité de mettre fin à la position provisoire actuelle qui est, maintenant, dépassée par les faits.
Les arguments que nous exposons ci-dessus sont suffisants pour expliquer à nos camarades les raisons de l’évolution logique de notre ligne de conduite. Et les camarades doivent repousser du pied les armes empoisonnées que les adversaires ne manqueront pas d’employer pour émousser leur confiance et fausser leur jugement.
À ces arguments intéressés, ils feront le sort qu’ils méritent.
Que tous sachent bien qu’aujourd’hui il y a une situation telle que nous disons : ou disparaitre sans rien tenter ou tout tenter pour nous sauver. L’U.F.S.A., le Comité National du Bâtiment ont opté pour la dernière solution, celle qui doit assurer le salut du syndicalisme, si les 100.000 autonomes qu’il y a en France le veulent. En tous les cas, nous ferons, ici, l’impossible pour sortir de l’impasse et nous pensons y parvenir. Que tous nous aident.
Plus que jamais ; en face de l’imminence d’une crise de régime, désormais inévitable, le syndicalisme, seule arme d’affranchissement du prolétariat, doit se montrer digne de sa mission.
Après la période de propagande indispensable, les syndicats auront à se prononcer sur leur attitude et, dans le plus bref délai possible, une Conférence nationale de tous les syndicats autonomes sera réunie pour trancher ces questions vitales.
Il importe que tous ceux qui ont déjà compris la nécessité de la liaison locale, régionale, fédérale, nationale et internationale des travailleurs, sans laquelle il ne peut y avoir de syndicalisme, secondent nos efforts et défendent ce point de vue avec courage, même s’ils doivent braver certaines impopularités momentanées.
Courage donc, et le syndicalisme sera rénové.
Le Bureau exécutif de l’U.F.S.A.
Huard, Besnard Secrétaires
Planteline Trésorière
Saroléa Trésorier adjoint
Lentente Archiviste.