La Presse Anarchiste

Individualisme et démocratie

Si l’on s’en tient aux appa­rences, l’i­dée démo­cra­tique a réa­li­sé, depuis quelques années, des pro­grès consi­dé­rables. Elle n’est même plus dis­cu­tée ; elle n’a que des adver­saires hon­teux, qui n’osent pas sou­te­nir publi­que­ment leur point de vue. Il n’est presque aucun État du monde moderne qui ne se dise démo­cra­tique, et les que­relles idéo­lo­giques, entre les États-Unis et la Rus­sie, par exemple, n’ont d’autre objet que de déci­der où est l’É­tat le plus démo­cra­tique. En fait, il appa­raît à la pre­mière réflexion que le pro­blème n’est pas de dis­tin­guer et de choi­sir entre des degrés dif­fé­rents, mais entre des concep­tions dif­fé­rentes de la démo­cra­tie. Quoi qu’on ait déjà beau­coup écrit, dans un camp et dans l’autre, sur les condi­tions d’une « vraie démo­cra­tie », il ne sera peut-être pas sans inté­rêt de confron­ter les fon­de­ments phi­lo­so­phiques des deux concep­tions, afin de les mieux com­prendre et de les mieux juger.Le pro­blème poli­tique est tou­jours un pro­blème de rap­ports entre les citoyens et les Pou­voirs ; le pro­blème phi­lo­so­phique cor­res­pon­dant est celui des rap­ports entre l’in­di­vi­du et la socié­té. Sous quelque forme qu’ils se pré­sentent, en effet, les Pou­voirs expriment tou­jours les néces­si­tés sociales, les exi­gences du groupe ; même dans une monar­chie, les inté­rêts du roi sont insé­pa­rables des inté­rêts du royaume. Aus­si aurons-nous des régimes poli­tiques dif­fé­rents sui­vant que l’on affir­me­ra la pri­mau­té de l’in­di­vi­du sur le groupe ou celle du groupe sur l’individu.

On peut dire de la démo­cra­tie moderne, qui date de la Révo­lu­tion fran­çaise, qu’elle est indi­vi­dua­liste. Son prin­cipe fon­da­men­tal, c’est l’é­mi­nente digni­té de la per­sonne humaine : l’homme a sa valeur en lui-même ; il ne la tient pas d’ailleurs que de sa propre nature, et cette valeur fonde son droit. Ain­si appa­raît la notion de droit natu­rel ; ébau­chée par les stoï­ciens et déve­lop­pée par le chris­tia­nisme, elle trouve son abou­tis­se­ment logique et son appli­ca­tion dans la Décla­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen. L’homme est esprit et en tant que tel il est sacré ; il est une fin en soi et non un moyen, selon les termes de Kant. De plus, il n’y a pas de dif­fé­rence entre les esprits et par suite tous les hommes sont égaux ; ils ont donc tous les mêmes droits, qui sont, d’a­près la Décla­ra­tion : « La liber­té, la pro­prié­té, la sûre­té et la résis­tance à l’op­pres­sion » (article 2). Il est à remar­quer que ces dif­fé­rents droits visent tous à pro­té­ger l’in­di­vi­du contre les Pou­voirs (la pro­prié­té devant assu­rer son indé­pen­dance). C’est que l’É­tat tend, de lui-même, à oppri­mer les citoyens. Or, si l’homme ne peut vivre qu’en socié­té, du moins ne vit-il pas pour la socié­té. C’est au contraire la socié­té qui a été ins­ti­tuée pour le ser­vir, pour lui per­mettre de se déve­lop­per aus­si plei­ne­ment que pos­sible. Telle est la théo­rie du « contrat social » que l’on trouve dans Rous­seau et d’où il résulte que l’É­tat est un moyen et non une fin. L’ar­ticle 2 de la Décla­ra­tion l’af­firme net­te­ment : « Le but de toute asso­cia­tion poli­tique est la conser­va­tion des droits natu­rels et impres­crip­tibles de l’homme. » La seule valeur, la seule fin, c’est l’in­di­vi­du, et non le groupe. Par suite le meilleur régime est celui dans lequel les Pou­voirs, c’est-à-dire les repré­sen­tants du groupe, émanent direc­te­ment des citoyens, c’est-à-dire des indi­vi­dus, pour le ser­vice des­quels le groupe est ins­ti­tué. Ce régime est la démo­cra­tie. telle que la conçoit Rous­seau : forme de gou­ver­ne­ment où chaque citoyen est à la fois sujet et souverain.

Ce lien entre l’in­di­vi­dua­lisme et l’i­déal démo­cra­tique de 1789 fut bien vu par deux des plus pro­fonds écri­vains poli­tiques du XIXe siècle, Comte et Marx. Le pre­mier dénon­ça, en effet, « l’in­di­vi­dua­lisme méta­phy­sique et anar­chique » de la Révo­lu­tion ; le second affir­ma que cet « indi­vi­dua­lisme bour­geois » ne pou­vait fon­der une démo­cra­tie véri­table. Ces cri­tiques res­tèrent, cepen­dant, sans effi­ca­ci­té immé­diate et ce n’est qu’au len­de­main de la pre­mière guerre mon­diale qu’on vit appa­raître des formes de démo­cra­tie ne repo­sant pas sur l’in­di­vi­dua­lisme. Lais­sons de côté le régime sovié­tique, où diverses ten­dances furent d’a­bord repré­sen­tées, pour consi­dé­rer le fas­cisme et le natio­nal-socia­lisme, qui déve­lop­pèrent for­te­ment la nou­velle concep­tion de la démocratie.

Les fon­de­ments phi­lo­so­phiques de la doc­trine furent très bien expo­sés par Die­trich, le chef de la presse du par­ti nazi, dans une confé­rence qu’il fit aux jour­na­listes alle­mands en 1935. Voi­ci ces fon­de­ments : « La pen­sée indi­vi­dua­liste repose sur ce pos­tu­lat que l’homme est un indi­vi­du. Ce pos­tu­lat est faux. L’homme n’ap­pa­raît ici-bas que comme membre d’une com­mu­nau­té. Il est dans tous ses actes un être col­lec­tif et on ne peut le conce­voir que sous cet aspect. […] Les seules don­nées réelles du monde sont les races, les peuples, les nations et non les indi­vi­dus. […] Le natio­nal-socia­lisme consi­dère le peuple comme la seule réa­li­té orga­nique. […] Puisque l’in­di­vi­du n’existe que par la com­mu­nau­té, ce n’est que d’elle qu’il peut tenir sa liber­té. Si le natio­nal-socia­lisme recon­naît la liber­té indi­vi­duelle, c’est pour le plus grand pro­fit de la com­mu­nau­té et afin de mettre à son ser­vice les forces construc­tives, les valeurs créa­trices de la per­son­na­li­té. Mais la liber­té indi­vi­duelle n’est pas un droit natu­rel de l’homme ; ce que ce der­nier tient de la nature, c’est le sens du col­lec­tif, le sen­ti­ment de son devoir envers la com­mu­nau­té dans laquelle il est né ». (Cité par R. Capi­tant, dans un article consa­cré à l’i­déo­lo­gie natio­nale-socia­liste : Année poli­tique, oct. 1935.) Ce texte est par­ti­cu­liè­re­ment net dans son oppo­si­tion aux prin­cipes de 1789 : l’in­di­vi­du comme tel n’a aucun droit ; il n’est pas une fin, mais un moyen, la seule fin, la seule valeur étant le groupe social. Il faut noter ici que le groupe n’est pas conçu comme la simple somme des indi­vi­dus qui le com­posent, mais comme une réa­li­té sui gene­ris, exté­rieure et supé­rieure aux indi­vi­dus. On s’é­ton­ne­ra peut-être de voir le nazisme pris comme exemple d’une concep­tion de la démo­cra­tie, mais Hit­ler et Mus­so­li­ni ne pré­ten­daient-ils pas gou­ver­ner pour le peuple et par le peuple ? Peut-être avaient-ils tort de le pré­tendre ; tou­jours est-il qu’ils avaient cette concep­tion de la démo­cra­tie — et qu’elle leur a sur­vé­cu. On appelle jus­te­ment tota­li­taire la démo­cra­tie ain­si conçue, parce qu’elle pose que le tout existe au-des­sus des par­ties et leur confère toute valeur. L’in­di­vi­dua­lisme affir­mait la pri­mau­té de l’in­di­vi­du (le tout n’a d’autre valeur que celle des par­ties qui le com­posent); le tota­li­ta­risme affirme la pri­mau­té du groupe (les par­ties n’ont d’autre, valeur que celle qu’elles tiennent du tout).

À ces deux posi­tions phi­lo­so­phiques cor­res­pondent deux poli­tiques qui ne peuvent que se heur­ter sans se com­prendre. Par exemple, la démo­cra­tie indi­vi­dua­liste semble liée au libé­ra­lisme sous toutes ses formes ― si bien qu’on l’ap­pelle sou­vent démo­cra­tie libé­rale ; notam­ment le libé­ra­lisme éco­no­mique est natu­rel dans une socié­té où l’on est avant tout sou­cieux de res­pec­ter les droits de l’in­di­vi­du et où, par suite, on est hos­tile à toute inter­ven­tion de l’É­tat dans les affaires des citoyens. Au contraire, le col­lec­ti­visme, sous quelque forme qu’il se pré­sente, est nor­mal dans une socié­té où l’on se pro­pose avant tout d’as­su­rer la pros­pé­ri­té du groupe et où aucun droit n’est recon­nu à l’in­di­vi­du qui puisse por­ter pré­ju­dice à la col­lec­ti­vi­té. De même, sur un autre plan, la liber­té d’o­pi­nion ne peut man­quer d’être sacrée pour les uns (et l’on recon­naît la démo­cra­tie libé­rale à ceci que toutes les opi­nions y sont pos­sibles) tan­dis que les autres la sacri­fient sans peine à l’in­té­rêt public (et, l’on recon­naît la démo­cra­tie tota­li­taire à l’exis­tence d’un par­ti unique). D’une façon géné­rale, on est plus sou­cieux de morale que de poli­tique dans les démo­cra­ties indi­vi­dua­listes et l’on répugne à prendre des mesures qui seraient utiles à l’É­tat mais ne res­pec­te­raient pas les droits de l’homme, tan­dis que dans les démo­cra­ties tota­li­taires on fait aisé­ment pas­ser la poli­tique avant la morale et l’on n’hé­site pas sur les moyens à employer pour­vu que la fin pour­sui­vie soit atteinte.

Ces carac­té­ris­tiques étant don­nées, il paraît évident que les démo­cra­ties contem­po­raines tendent toutes à se mode­ler sur le type tota­li­taire. La trans­for­ma­tion est chose faite dans les États de l’Est de l’Eu­rope ; elle est en train de se faire dans les États de l’Ouest. Par exemple, les mesures d’ex­cep­tion prises en Angle­terre et aux États-Unis contre les com­mu­nistes montrent bien que les démo­cra­ties occi­den­tales com­mencent à pen­ser que le sou­ci moral de res­pec­ter les droits de l’homme n’est pas tou­jours com­pa­tible avec l’exis­tence même de la nation. Et ces mesures, qui pré­tendent lut­ter contre le tota­li­ta­risme, sont elles-mêmes d’ins­pi­ra­tion tota­li­taire, puis­qu’elles refusent, pour le plus grand pro­fit du groupe, de recon­naître à cer­tains indi­vi­dus les droits qu’elles recon­naissent à d’autres. Elles reposent sur le grand prin­cipe tota­li­taire for­mu­lé par Robes­pierre, peu fidèle en cela à Rous­seau, dans un rap­port à la Conven­tion : « Il n’y a de citoyens dans la Répu­blique que les répu­bli­cains. » Toute poli­tique qui pré­tend à l’ef­fi­ca­ci­té doit en venir là : un régime ne peut être plei­ne­ment assu­ré de se main­te­nir qu’à la condi­tion d’é­li­mi­ner tous ses adver­saires ; un gou­ver­ne­ment n’est effi­cace que s’il est fort et il est d’au­tant plus fort qu’il recon­naît moins de droits à ses enne­mis. Les démo­cra­ties anglaise et amé­ri­caine, qui avaient pu vivre jus­qu’à pré­sent en res­pec­tant tous leurs adver­saires, s’a­per­çoivent aujourd’­hui qu’elles ne pour­ront sur­vivre qu’en les éli­mi­nant. Et ce pas­sage du point de vue moral au point de vue poli­tique est pro­pre­ment le pas­sage de la démo­cra­tie libé­rale à la démo­cra­tie autoritaire.

Auto­ri­taire est, en effet, syno­nyme de tota­li­taire comme libé­ral d’in­di­vi­dua­liste, C’est qu’il n’y a d’au­to­ri­té dans un État que par la subor­di­na­tion étroite des indi­vi­dus. On se plaint, en France, que l’É­tat n’ait pas d’au­to­ri­té et l’on regarde avec envie ces pays de l’Est où règne un ordre admi­rable. Tous ceux qui ont connu l’Al­le­magne et l’I­ta­lie avant la guerre, tous ceux qui aujourd’­hui visitent la You­go­sla­vie, la Tché­co­slo­va­quie ou la Pologne, de quelque opi­nion qu’ils soient, sont d’ac­cord pour recon­naître que les pays tota­li­taires obtiennent des résul­tats dont les démo­cra­ties occi­den­tales sont fort éloi­gnées. Qu’il s’a­gisse d’ur­ba­nisme, d’é­qui­pe­ment scien­ti­fique, indus­triel, agri­cole ou mili­taire, les pays de l’Ouest semblent res­ter, à res­sources égales, bien en arrière des pays de l’Est. Cela n’est pas sur­pre­nant. Ce qui sur­pren­drait, au contraire, c’est qu’un État où chaque indi­vi­du est consi­dé­ré comme un outil dont il faut tirer le meilleur ren­de­ment pos­sible (l’ou­til, c’est ce qu’on « uti­lise ») n’ob­tînt pas en effet un meilleur ren­de­ment qu’un État qui recon­naît aux citoyens le droit de grève, la liber­té d’o­pi­nion et la pos­si­bi­li­té de chan­ger de gou­ver­ne­ment plu­sieurs fois par an. On ne sau­rait nier ni l’im­puis­sance des démo­cra­ties libé­rales ni l’ef­fi­ca­ci­té des démo­cra­ties tota­li­taires ; mais toute la ques­tion est de savoir si la valeur d’un régime se mesure à son effi­ca­ci­té. Lorsque cette effi­ca­ci­té a pour condi­tion l’as­ser­vis­se­ment et l’a­bê­tis­se­ment des indi­vi­dus, est-elle pré­fé­rable à l’im­puis­sance ? Sera-ce un grand peuple, un peuple heu­reux, qu’un peuple de robots ? Il est frap­pant de consta­ter, avec les socio­logues, que les civi­li­sa­tions où l’in­di­vi­du est le plus étroi­te­ment subor­don­né au groupe, où le sens de la col­lec­ti­vi­té (pour reprendre les termes de Die­trich) est le plus déve­lop­pé, sont les civi­li­sa­tions pri­mi­tives, celles où l’homme est le moins évo­lué. Cet esprit de dis­ci­pline que les Occi­den­taux ne peuvent s’empêcher d’ad­mi­rer dans les États de l’Est, c’est le contraire même de l’es­prit. Certes, il est beau de voir les jeunes Polo­nais ou les jeunes You­go­slaves tra­vailler en chan­tant à recons­truire leur pays. Mais si cet enthou­siasme, cette foi, ce dévoue­ment sont obte­nus aux dépens de l’es­prit, si l’on est obli­gé de sacri­fier la culture au « ren­de­ment », le spec­tacle de cette jeu­nesse, heu­reuse de son escla­vage, n’a plus rien que d’at­tris­tant. « Seul l’Es­prit, disait Saint-Exu­pé­ry, s’il souffle sur la glaise, peut créer l’Homme. » Il n’y a d’hu­ma­ni­té que par la culture. Et peut-il y avoir vrai­ment une culture dans des pays où sont inter­dits la plu­part des livres qui se publient dans le monde ? où l’en­sei­gne­ment du fran­çais — ins­tru­ment de culture par excel­lence — est condam­né ? où les esprits sont impré­gnés, dès leur éveil, d’une doc­trine qu’ils ne peuvent vrai­ment com­prendre parce qu’on leur refuse la pos­si­bi­li­té d’en dou­ter ? À quoi bon bâtir de splen­dides écoles si l’on ne veut pas y don­ner une vraie culture qui fasse de vrais hommes ? Il est dif­fi­cile de croire que l’a­bê­tis­se­ment sys­té­ma­tique des hommes soit le meilleur moyen d’é­le­ver l’humanité.

Tou­te­fois, les vices appa­rents de la démo­cra­tie tota­li­taire ne doivent pas nous faire oublier les vices cachés de la démo­cra­tie indi­vi­dua­liste. Comme les mar­xistes l’ont bien mon­tré, le libé­ra­lisme éco­no­mique est lié au capi­ta­lisme, c’est-à-dire à l’ex­ploi­ta­tion de l’homme par l’homme. Il n’y a pas de res­pect humain véri­table dans un régime qui oblige la masse des indi­vi­dus à tra­vailler pour le pro­fit de quelques-uns. La liber­té indi­vi­duelle n’est sacrée qu’au­tant qu’elle ne recouvre pas la pos­si­bi­li­té pour les riches d’ex­ploi­ter les pauvres. La liber­té de la jungle, c’est-à-dire le droit qu’ont les forts de dévo­rer les faibles, n’est pas la vraie liber­té. De même la pro­prié­té n’est un droit natu­rel de l’homme que dans la mesure où elle assure son indé­pen­dance et non son escla­vage. Aus­si ne peut-il être ques­tion de choi­sir entre le libé­ra­lisme capi­ta­liste et la tyran­nie tota­li­taire ; les deux régimes, qui tendent d’ailleurs à se confondre, sont aus­si funestes l’un que l’autre à l’homme. Si l’hu­ma­ni­té veut sur­vivre, il fau­dra qu’elle trouve une nou­velle for­mule d’é­qui­libre entre l’in­di­vi­du et la socié­té, une for­mule qui ne sacri­fie ni les inté­rêts de la col­lec­ti­vi­té au pro­fit de quelques indi­vi­dus ni la liber­té des indi­vi­dus à la gran­deur d’une enti­té col­lec­tive. La maxime kan­tienne est plus que jamais impé­ra­tive : il faut trai­ter l’hu­ma­ni­té, en soi-même et en autrui, tou­jours comme une fin, jamais comme un moyen. Il n’y a d’autre cri­té­rium de la valeur d’un régime que le res­pect de l’homme.

Georges Pas­cal


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