La Presse Anarchiste

Aguigui

Dans un numéro qui a voulu se con­stru­ire à par­tir d’une col­lec­tion d’actions « orig­i­nales », dans un numéro qui, par­mi d’autres réflex­ions ain­si provo­quées, observe que ces actions ont été menées à l’étranger, on ne pou­vait ignor­er l’exception à la règle : Aguigui et ses aguiguismes.

« Quand les éléphants s’amusent, ce sont les four­mis qui meurent », dit-il, et il ajoute aus­sitôt : « Faut rigol­er, mais foutez-nous la paix ! »

Et seul, ou bien avec quelques « Amis de la Vie », on le retrou­ve sur la pelouse du Parc des Princes avec une pan­car­te « Des stades pas d’canons ! » – Devant les Galeries Lafayette brûlant deux mag­nifiques mitrail­lettes et exhor­tant les pas­sants à ne pas acheter de tels jou­ets à leurs enfants – accrochant une ban­de­role antiatomique aux échafaudages de la fontaine Saint-Michel au Quarti­er Latin – lançant une Croisade anti-robots – …

« Le comique, la farce, la satire, l’absurde, la déri­sion, le fan­tas­tique, le sur­réal­isme con­vi­en­nent au MOUNA à notre monde sans sel, ni formes ! Men­acé de sa fin par la bombe atom­ique ou autres essais nucléaires. » Aguigui n’a pas le sens de la musique har­monieuse, la police le lui a fait savoir, lui dres­sant une con­tra­ven­tion pour « bruits causés sans néces­sité » : cela se pas­sait sur les Champs-Élysées, avec une cloche savo­yarde, qui ne bat­tait pas la mesure de la musique mil­i­taire, un jour de 11 novem­bre. Opéra­tion chloro­phylle sur les quais du métro Con­corde pour pro­test­er con­tre la pol­lu­tion de l’air à Paris – Dis­tri­b­u­tion d’eau non pol­luée – Dis­tri­b­u­tion d’air pur du Tibet à l’aide de pom­pes à bicy­clette – Opéra­tion Diderot pour l’affaire de « la Religieuse », stat­ue fleurie, pan­car­tes « la Religieuse est inter­dite mais les films de guerre, d’espionnage et de vio­lence sont, eux, encour­agé » – Flot­tille de péda­los, toutes ban­deroles « Peace in Viet­nam » déployées, croisant dans le port de Golfe-Juan autour d’un navire améri­cain – Para­pluies nucléaires pour se pro­téger des retombées radioac­tives, etc.

« Au 45e tour de scrutin, en rai­son de l’intérêt porté aux innom­brables can­di­dats (généraux, ami­raux, pen­tagonnaux, évêques à réac­tion, évêques réac­tion­naires, etc.), le jury du Prix Nobel de la Guerre (attribué par le Club aguigu­iste) a porté son choix sur un civ­il Pacem Para Bel Homme, Mic Mac Nama­ra pour ses hautes qual­ités morales et vertueuses et lui décerne comme prix : Une poignée de mar­rons dingues. »

Du ROTI (Rassem­ble­ment Organ­isé des Tra­vailleurs Indi­vidu­els) à la Soirée de l’Amitié, en pas­sant par le Con­grès Mon­di­al des Cos­mo­nautes du Sub­con­scient et les One-man show Mouna, les activ­ités aguigu­istes sont mul­ti­ples, s’accumulent.

Barbe fleurie, vélo à roue excen­trée, épin­gle de nour­rice, « Far­felu… oui je suis… AGUIGUISTE (aus­si) ».

Bien des gens veu­lent nous faire croire à leur solid­ité, mais leur activ­ité (que ce soit dans une option paci­fiste ou dans une option poli­tique, par exem­ple) ne sert qu’à mas­quer leur réal­ité. Ici, j’ai ren­con­tré sim­ple­ment un homme qui expri­mait ses sen­ti­ments, à sa manière.