Les sculpteurs grecs et latins ont représenté le dieu de la guerre sous les traits d’un jeune homme, ressemblant successivement à Gilbert Bécaud ou à Bernard Buffet, afin de donner sous ces deux aspects — recto et verso — entière satisfaction à Vénus et au divin et sublime amant de Ganymède. Le moyen âge, au long de ses danses macabres, représenta la guerre sous l’aspect d’un squelette portant une longue épée, un suspensoir avantageux et à double usage, conçu pour soutenir un large braquemart homicide, une bourse pour les hommages à la déesse aimée des militaires et un gracieux chapeau à plumes.
Notre accoutrement pour être moins galant, n’en était pas moins martial, au moins au début. L’uniforme numéro 1 comportant képi-pompon, épaulettes, fusil à répétition, havresac, baïonnette (quadrangulaire pour perforer sans recours le voisin d’en face), pistolet Ruby, couteau à dépecer, devaient rapidement connaître les boues et les rouilles auxquelles sont vouées depuis trois millénaires les jeunes générations les mieux constituées du bassin égéen et environs immédiats.
Ce qui complique tout, c’est la présence des tribus sauvages, des Peaux-Rouges, chasseurs de chevelures blondes (sweet babies doll) et mangeurs de pétrole, venus combattre les Cimbres et les Teutons.
Qui nous rendra les gentilles guerres du Péloponnèse (suivies de cross-country et marathons d’honneur), les guerres d’Italie si bien descendues par Bonaparte, et les joyeuses expéditions coloniales :
As-tu vu la casquette, la casquette… ?
Nous voulons, nous réclamons, avec ou sans casquette, un père Bugeaud, s’appelât-il Malraux, de Gaulle ou Poujade. Le nom importe peu, c’est le coup de pied au cul que nous appelons, au nom de la Patrie, en danger depuis Vercingétorix.
Militaires de tous les pays
Unissez-vous…
D’ailleurs, je crois que ça y est.
La lutte finale est pour demain, ils se débarrasseront une bonne fois des civils.
L’adjudant Flick est en train de gagner la dernière manche.
Florent Fels