La Presse Anarchiste

« Liberté » un hebdomadaire d’hommes libres

Ce n’était pas facile de trou­ver un titre de jour­nal qui cor­re­sponde à notre pen­sée, à nos désirs d’agir et nous situe net­te­ment par rap­port à la cam­pagne que nous allons engager en faveur des objecteurs de con­science empris­on­nés. Qui nous situe égale­ment en vue des mul­ti­ples actions que nous entre­pren­drons pour que la lib­erté ait un sens, son vrai sens, en dépit de ceux, haut placés, acharnés à sa perte — acharnés à ne vouloir la lib­erté que pour eux, et pour en faire quoi : moins que rien, le con­traire de ce que le mot veut signifier.

Ce titre « Lib­erté » a été pass­able­ment gal­vaudé et il y avait un risque à s’en servir. Nous n’avons pas hésité, il est telle­ment beau en soi. Puis, nos lib­ertés se trou­vant présen­te­ment si réduites, il deve­nait indis­pens­able que, par réac­tion, nous bran­dis­sions cette « Lib­erté », ce jour­nal, à la face de tous ceux qui con­courent à l’asservissement du peu­ple — lui courbent l’échine devant la vie chère, devant l’impôt, devant la servi­tude et la guerre. Que nous la bran­dis­sions, aus­si et surtout, à l’intention de l’Individu opprimé, afin de lui redonner con­fi­ance, de l’aider à se redress­er ; pour l’inciter enfin à faire sa trouée d’homme libre dans cette société d’hommes enchaînés.

La lib­erté ira donc de com­pag­nie avec nous, tou­jours. Nous vivrons main­tenant insé­para­bles, elle et nous. Nous prof­iterons, nous, de son auréole et des coudées franch­es qu’elle autorise ; elle prof­it­era, elle, de l’active défense que nous opposerons aux malan­drins de toutes dimen­sions qui la guet­tent aux coins des lois.

Et il fau­dra bien qu’un jour arrive où la lib­erté éten­dra, ici et là, en France et dans le Monde, un ray­on­nement inaccoutumé.

Nous y con­tribuerons de toute notre énergie.

Louis Lecoin