Ce n’était pas facile de trouver un titre de journal qui corresponde à notre pensée, à nos désirs d’agir et nous situe nettement par rapport à la campagne que nous allons engager en faveur des objecteurs de conscience emprisonnés. Qui nous situe également en vue des multiples actions que nous entreprendrons pour que la liberté ait un sens, son vrai sens, en dépit de ceux, haut placés, acharnés à sa perte — acharnés à ne vouloir la liberté que pour eux, et pour en faire quoi : moins que rien, le contraire de ce que le mot veut signifier.
Ce titre « Liberté » a été passablement galvaudé et il y avait un risque à s’en servir. Nous n’avons pas hésité, il est tellement beau en soi. Puis, nos libertés se trouvant présentement si réduites, il devenait indispensable que, par réaction, nous brandissions cette « Liberté », ce journal, à la face de tous ceux qui concourent à l’asservissement du peuple — lui courbent l’échine devant la vie chère, devant l’impôt, devant la servitude et la guerre. Que nous la brandissions, aussi et surtout, à l’intention de l’Individu opprimé, afin de lui redonner confiance, de l’aider à se redresser ; pour l’inciter enfin à faire sa trouée d’homme libre dans cette société d’hommes enchaînés.
La liberté ira donc de compagnie avec nous, toujours. Nous vivrons maintenant inséparables, elle et nous. Nous profiterons, nous, de son auréole et des coudées franches qu’elle autorise ; elle profitera, elle, de l’active défense que nous opposerons aux malandrins de toutes dimensions qui la guettent aux coins des lois.
Et il faudra bien qu’un jour arrive où la liberté étendra, ici et là, en France et dans le Monde, un rayonnement inaccoutumé.
Nous y contribuerons de toute notre énergie.
Louis Lecoin