Nécrologie
Le dernier bidon de pommade académique et officielle est à peine dégorgé sur la dépouille bleu-blanc-rouge du gaga insulteur de Wagner, que la France ― cette dame à qui Mangin prête vie mais qu’on ne voit jamais que sur les images — fait encore une perte excessivement douloureuse.
Le « doyen des poilus » est mort.
Le « doyen des poilus » s’est avisé de casser sa pipe ces derniers jours, ayant avec soin, durant la « Croisade », négligé d’exposer sa décrépitude — ainsi que fît son homonyme : l’épique et illustre Frédé qui hennit et flatule au bout du pont des Arts, ― dans une charge à la baïonnette.
Toutefois, réparons vite l’oubli coupable de la presse dite d’information.
Le « père Masson » fut un héros de la première heure en 1914.
Entre autres faits d’armes — toujours non pareils ― il obtint, sous la menace de faire appel aux baïonnettes du service de place, le déboulonnage immédiat de l’écriteau de la rue Francisco-Ferrer, à Dijon.
Un brave, vous dis-je, ce doyen.
Et qui, lui aussi, fut d’une académie : l’asile départemental d’aliénés de la Côte-d’Or.
Ouvrez le ban !
Le bout de l’oreille
« La tarentule anti-parlementaire les travaille. »
― Qui ça?… mais deux compères S.F.I.C. « suivis du reste par la Fédération de la Seine » et qui « s’engagent dans une voie assez paradoxale (sic) qui s’apparente (resic) plutôt aux théories de nos camarades anarchistes qu’aux théories socialistes ».
L’un d’eux, d’ailleurs, aggrave son cas : ayant obtenu « un succès facile mais indigne de son grand talent en proclamant : « Nous ne sommes pas un parti de pêcheurs de mandats ». — (C’était à Marseille, il est vrai ; et nul oncques ne vit sous le coup chanceler la tant célèbre sardine — que tètent la plupart des aspirants tchékistes français.)
Le directeur du Journal du Peuple s’indigne.
Le directeur du Journal du Peuple, lui, veut pêcher du mandat.
Il connait un coin dont il est sûr, — pêche gardée ! ― un coin où « ça mord ». Gaules et filets sont prêts.
Et l’on amorce avant l’ouverture…
Fauz-nez
Or, maître. Aristide repassant le seuil élyséen de maître Alexandre, frère de lait d’icelui, change son mégot de place — et dit :
« Maintenant, je suis un homme libre ».
Un homme libre !
Est-ce à dire que l’amusant aréopage de malfaiteurs siégeant à Cannes n’était composé que de coolies encarcanés et que la livrée de Premier, en ces jours prometteurs, est charge trop pesante à des nageoires pourtant expertes!…
Un homme libre ! Il ne se refuse rien l’ex-chambardeur S.F.I.O.!
— Ah ! Oui ; j’y suis. « L’homme libre » c’est le titre d’un journal, n’est-ce pas…
Chat et chat
« À Lisbonne, dans les locaux de la C.G.T. la police découvre des bombes ». (Paris est à 2.110 kilomètres de là).
Si à la C.G.T. de la rue Lafayette, par certain côté heureux — applaudi dans une opérette fameuse — on ressemble assez aux Portugais, voire même aux… Polonais, si nous en croyons l’irrespectueuse légende qui assimile toute la Pologne masculine à Rappoport doktor ès marxisme, — on ne redoute point la descente subreptice des gens de police.
Et pourtant !
Ce n’est pas qu’au G.Q.G. du prolétariat émasculé on ne fabrique des bombes. Au contraire. On en fait — et on en a fait, des bombes ! Hein ! mes vieux lapins.
On ne les compte plus.
C’est pas des bombes à retardement : ni vieux clous, ni cheddite, ni mouvement d’horlogerie.
― Que le capital tremble : chimie culinaire ! Glouglous ! ― et borborygmes spiritueux…
Kees, kees
Peintre ordinaire parfois, très ordinaire souvent, de Sylvestre Bonnard, des frères Bernheim, les marchands de la Madeleine et du vieux chimpanzé à lunettes des tréteaux socialards, autant de titres qu’envieraient de nos jours plus d’un Cléophante… Mais Van Dongen voit grand ― si je puis dire.
… De ces éminences, peut-être briguait-il en silence le bel honneur que Bourdichon, peintre du roi, obtint successivement des sieurs Charles VIII, Louis XII et François Ier : l’emploi de « valet de chambre de monseigneur» ; à moins que ce ne fût le poireau ou la Légion d’honneur.
Enfin, bref ! Van Dongen a mis son silence dans sa poche — avec sa pipe — peigné sa barbe, décroché et revêtu son chandail de cérémonie. Van Dongen va parler.
Van Dongen conférencie.
Bien que la chronique du Tout-Paris ne nous dise s’il tient la loge de la villa Saïd (auquel cas le père du Bouif a grand tort de laisser traîner son sac), nous lui prédisons les plus brillants succès oratoires et son élection prochaine de fourriez. cavalcadour de toutes les déesses millionnaires, ampoulées de cabochons géants — faits avec du sang, le sang du Pauvre que défendait naguère dans l’«Assiette au Beurre », en homme et en artiste, Kees Van Dongen.
Moustarde