La Presse Anarchiste

Cahiers du socialisme libertaire

1955/1963

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Pre­mière revue ani­mée par Gas­ton Leval. Sans doute l’un des apports les plus impor­tant au mou­ve­ment anar­chiste. Si on devait qua­li­fier Leval, il fau­drait sans doute lui attri­buer le qua­li­fi­ca­tif de Bakou­ni­nien prag­ma­tique. (ou Prou­dho­nien prag­ma­tique — les deux n’é­tant pas incom­pa­tible). Autre­ment dit, il déve­loppe une idée révo­lu­tion­naire basée sur les réa­li­tés socio­lo­giques. Chez lui pas de len­de­mains qui chantent dans les secondes qui suivent la révo­lu­tion ; pas de petits oiseaux mul­ti­co­lores et d’a­mour entre les peuples unis der­rière le dra­peau noir et sur­tout pas l’i­dée sau­gre­nue que la révo­lu­tion ça arrive comme ça, d’un coup et que tout nous tombe tout cuit dans le bec. 

Pour Leval, qui a connu l’é­chec de l’Es­pagne, une révo­lu­tion, une « civi­li­sa­tion liber­taire » ça se pré­pare, ça se réflé­chit, et un mili­tant anar­chiste, ça se forme. Sans cette for­ma­tion, sans cette pré­pa­ra­tion, rien n’est pos­sible : pas de place pour le « spon­ta­néisme » un peu roman­tique et sou­vent far­fe­lu qui a sou­vent été la marque des milieux anar­chistes (la fameuse ten­dance « Ploum-Ploum-Tra­la­la, Anar­chie Vain­cra ! ») . Autre­ment dit, une approche assez aus­tère, avec un but clair : la révo­lu­tion et son triomphe. 

Autre élé­ment très impor­tant pour Leval : son anti indi­vi­dua­lisme abso­lu. Pour lui, l’in­di­vi­dua­lisme n’est pas un anar­chisme et les indi­vi­dua­listes sont une des gan­grène du mou­ve­ment liber­taire. Je n’ai hélas pas la place dans cette modeste pré­sen­ta­tion bâclée de la revue pour expo­ser son idée sur la ques­tion (ni les capa­ci­tés rédac­tion­nelles et théo­riques pour le faire cor­rec­te­ment), mais c’est un point qui mérite que l’on s’y attarde. 

Une revue sou­vent très inté­res­sante, à laquelle les abso­lu­tistes de l’a­nar­chisme ont sou­vent repro­ché son réa­lisme prag­ma­tique (Leval a sou­vent indi­qué qu’il pré­fé­rait le libé­ra­lisme même étroit du camp occi­den­tal aux balles dans la nuque du régime sovié­tique, refu­sant de les mettre dos à dos). Der­nier point : en 1963 la revue change de nom pour deve­nir les « Cahiers de l’hu­ma­nisme liber­taire ». Elle devait de nou­veau chan­ger de nom en 1976 et adop­ter le titre de « Civi­li­sa­tion libertaire ». 

À mon sens, c’est cer­tai­ne­ment ce qui s’est fait de mieux en terme de revues d’a­près-guerre, en tout les cas, c’est à mon avis la seule qui a posé le vrai pro­blème de savoir si l’a­nar­chisme n’é­tait qu’un simple cou­rant d’i­dées ou un mou­ve­ment à buts concrets. J’ai très long­temps émis le sou­hait de pou­voir consul­ter l’in­té­gra­li­té de cette col­lec­tion. C’est main­te­nant chose faite grace au tra­vail for­mi­dable des amis d’Ar­chives Auto­no­mies. Mer­ci à eux


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