Cette revue était l’œuvre d’André Lorulot qu’il anima (après avoir laissé la direction de l’anarchie à Rirette Maîtrejean) jusqu’à sa mort en 1963.
La revue, D’abord de tendance nettement anarchiste individualiste, elle devait évoluer — surtout après la seconde guerre mondiale — vers l’anti-cléricalisme. Les sujets abordés sont extrêmement variés, allant de l’hygiène à la littérature en passant par l’antimilitarisme et bien entendu l’anticléricalisme. L’Idée libre était avant tout une revue d’idées plus que d’action, très souvent elle semble en rupture avec l’actualité sociale ; inutile d’y chercher des informations sur l’actualité militante ou autre.
Pour parler du contenu, il me faut préciser que sans atteindre les bas-fonds du Bulletin du groupe d’études scientifiques de Paraf-Javal, on rencontre là beaucoup des travers de la presse individualiste (plus rarement communiste-anarchiste): un scientisme souvent à côté de la plaque, des certitudes hygiénistes farfelues présentées comme la panacée universelle, des considérations médicales parfois hasardeuses… On peut considérer tout ceci d’un œil bienveillant comme étant le fruit d’une époque. Pour ma part, j’y vois surtout le symptôme d’un des grands travers du mouvement : celui de vouloir par dessus tout être un « en-dehors ». Cette posture, flagrante dans la presse individualiste, n’est pas non plus absente de la presse anarchiste-communiste, comme si être libertaire signifiait obligatoirement de s’opposer à l’opinion majoritaire (et accessoirement donne aux auteurs en question une attitude bien hautaine vis-à-vis du bas troupeau des gens « ordinaires »)… Ce n’est certainement pas l’un des aspects les plus brillant des militants qui pourtant ont abattu un travail considérable pour faire avancer les mentalités.
Toutefois, je ne voudrais pas que l’on pense que l’Idée libre est bonne à jeter à la benne. Vous y trouverez de tout, et comme partout du bon, du très bon, de l’excellent et du passable. Des articles qui sont encore d’actualité 100 ans après avoir été écrit et des choses bizarroïdes qui vous feront arborer un rictus gêné : à vous de faire votre tri et c’est un peu le but de ce site.
J’ai décidé de séparer la collection en deux série, m’écartant ainsi du choix fait par les très bons sites bibliographiques que sont le Bianco et le CGEAF : ils dénombrent 3 séries jusqu’en 1940, séparant 1911⁄1913 puis 1917⁄1921 et enfin 1922⁄1940. Cette séparation, très pertinente au niveau bibliographique (pour des considérations de numérotation), n’a aucun intérêt dans mon optique qui est celui d’une cohérence rédactionnelle (choix peut-être hasardeux puisque je n’ai pas été en mesure de consulter les premiers numéros de la seconde série)
Dernier point, les numéros de la première série me sont parvenus, à une exception prêt, sans couverture. Je ne crois pas qu’elles contenaient des informations utiles, mais si tel n’était pas le cas, je ne suis pas en mesure de les publier.